Les Ruines (The Ruins, 2006) est un roman fantastique horrifique écrit par Scott Smith. Encore une fois découvert dans les recommandations de "Les Livres de la Crypte" concernant l'horreur "estival" (rien de plus épargnant dans ces bouquins, il fait juste plus chaud), et encore une fois une bonne pioche.
I) Bonnes vacances chez les mayas: une histoire de classicisme.
On débute le roman sur une configuration tout à fait connue des films d'horreur: une bande de jeunes, qu'on imaginera plutôt tous bien foutus, décident d'aller se faire une petite randonnée sur des ruines mayas au Mexique. Nos deux couples d'américains se sont en effet liés d'amitié avec Mathias, un allemand, qui est à la recherche de son frère disparu après avoir justement été avec une archéologue sur ces ruines... Bon, vous vous en doutez déjà, et si ça n'est pas le cas, les quelques personnages de second plan les suppliant de ne pas y aller vous y aideront, il n'y a rien de bon dans ces ruines.
Si le pur noeud horrifique du roman est finalement assez original, tout son déroulé est extrêmement classique. Et c'est finalement comme ça que je décrirais le mieux Les Ruines: une histoire originale traitée avec tous les (rigides) codes de l'horreur cinématographique. C'est, on pourrait dire, une démonstration d'efficacité: tout fonctionne, c'est effectivement terrifiant, globalement un page-turner, pas trop mal écrit et cruel. Vous ne trouverez en revanche rien d'autre dans Les Ruines, mais n'est-ce pas finalement ce que l'on cherche parfois?
Nos protagonistes iront d'horreur en horreur, à grands renfortsde souvenirs nostalgiques de leur vie d'il y a quelques heures encore. On aura ici de la body horror, en veux-tu en voilà, avec une mention particulière pour une scène tout de même très réussie (cf spoiler ci-dessous).
Notre tragique Eric, contaminé par les ronces, se retrouvant à s'entailler de toutes parts afin de s'en débarasser est tout de même joliment pensé. Malsain.
II) Un scénario ou un roman?
Une question peut tout de même se poser: est-on ici face à un roman ou à un scénario de film d'horreur? Si l'écriture est certaine et nous écarte bien sûr d'un banal synopsis, on n'est tout de même pas sur une littérature horrifique qualitative. Le roman marche si bien car il est extrêmement visuel et rythmé par quelques scènes qu'on imagina aisément en grand angle.
Ceci n'est pas une critique amère, tant je ne vois pas de problème à tout ça. L'adaptation quasi-immédiate du bouquin m'en convainc néanmois: la structure narrative du roman se prête extrêmement bien au jeu du cinéma et c'est clairement affiché.
La différence fondamentale étant, puisque j'ai vu ladite adaptation, que le livre épargne beaucoup moins le lecteur que le film son spectateur. Ici, l'horrreur est palpable et d'une certaine manière longue. La scène du puits tient par exemple plusieurs dizaines de pages, et c'est par ailleurs le meilleur moment du roman à mes yeux. On arrive à la fin du roman exténué, ayant effectivement eu l'impression d'assister à "un long cri d'horreur", comme le décrit King sur la quatrième de couverture...
Quoi qu'il en soit, Les Ruines n'est clairement pas un bouquin à mettre entre toutes les mains. Ca ne rigole pas du tout, c'est rude tout du long, et extrêmement cruel dans son dénouement. Cela apparait donc bien comme un livre d'horreur tout à fait adapté aux fortes chaleurs actuelles, qui vous fera passer l'envie d'aller faire du camping à l'étranger.