A.Cheng, prend pour thème la jeunesse communiste, les jeunes instruits, appelés à intégrer des camps de travail agricoles chinois, visant surtout à les éduquer. Durant la révolution culturelle de 1966 à 1976, 17 millions de chinois seront envoyés aux camps de 1968 à 1970 pour servir Mao Zedong et sa reprise de pouvoir, visant à faire de cette jeunesse des paysans avertis sans aucun risque d'éducation qui les verront plutôt travailler aux champs avec l'illusion d'avoir trouver un but.
Une jeunesse pleine de fougue et de rêves, de liens d'amitié, perdue ou privilégiée, soumise aux aléas d'une dictature, entre ceux se rassurant des trois repas promis par jour et les jeunes radicaux prêt à en découdre contre les détracteurs de Mao.


Le roi des échecs cible plus particulièrement la rupture sociale d'un jeune homme qui ne voit dans le jeu que sa sauvegarde mentale. De péripéties en imprévus il finira par gagner un tournoi par un grand nombre de parties et d'adversaires en même temps et à l'aveugle pour que tous, soient satisfaits que l'art traditionnel des échecs perdure. Cette notion de tradition ne les empêche pas de comprendre leur destinée.


Le roi des arbres c'est la notion de faire et défaire par la déforestation et la plantation de jeunes arbres sans raison apparente, et à casser les croyances des habitants conférant à un arbre un pouvoir magique. On y rencontre un Jeune instruit apte à la destruction contre son chef de section, vétéran de la guerre de Corée, mis au ban par sa hiérarchie, et qui cherchera à sauvegarder l'arbre. Celui-ci sera tout de même abattu causant sa propre mort. Ma préférée sans aucun doute et le récit gagne par son soupçon de fantastique et la force évocatrice de la grandeur de la nature. On pense Au Jugement d'Hadwin de Sasha Snow et de cette alliance avec les arbres, qui se sera perdue au fil du temps, ramenant l'homme à sa petitesse.


Le roi des enfants parle d'instruction par un jeune ancien étudiant, promu en professeur suite à défection. N'ayant pas le niveau requis, c'est grâce à son intelligence et son ouverture d'esprit qu'il permettra à des jeunes étudiants d'apprendre à écrire, pourtant scolarisés depuis plusieurs années, abreuvés de slogans et de chansons politiques. Apeuré par la tâche, affolé par le manque d'outils, il optera pour des méthodes de travail ouvertes et objectives...qui le verront révoqué et retourner aux champs assez rapidement.


Sorte de fiction témoignage de sa propre histoire, A.Cheng, (coscénariste du film Assassin, de Hou Hsiao-hsien) cible parfaitement les ambiances rurales, soignant ses descriptions, détaillant la vie morne et répétitive quotidienne - la soumission et les punitions - les personnages, leur difficulté de vie avant leur intégration -pauvreté, rupture sociale/familiale - et les rêves avortés.
Un constat sans dénonciation virulente mais dépressif et une écriture sans sursaut, presque documentaire, qui peut être rébarbative.

limma
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures nouvelles de la littérature

Créée

le 19 sept. 2021

Critique lue 31 fois

5 j'aime

limma

Écrit par

Critique lue 31 fois

5

Du même critique

Apocalypto
limma
10

Critique de Apocalypto par limma

Un grand film d'aventure plutôt qu'une étude de la civilisation Maya, Apocalypto traite de l’apocalypse, la fin du monde, celui des Mayas, en l'occurrence. Mel Gibson maîtrise sa mise en scène, le...

le 14 nov. 2016

74 j'aime

21

Captain Fantastic
limma
8

Critique de Captain Fantastic par limma

On se questionne tous sur la meilleure façon de vivre en prenant conscience des travers de la société. et de ce qu'elle a de fallacieux par une normalisation des comportements. C'est sur ce thème que...

le 17 oct. 2016

60 j'aime

10

The Green Knight
limma
8

Critique de The Green Knight par limma

The Green Knight c'est déjà pour Dev Patel l'occasion de prouver son talent pour un rôle tout en nuance à nous faire ressentir ses états d'âmes et ses doutes quant à sa destinée, ne sachant pas très...

le 22 août 2021

59 j'aime

2