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"Les voleurs d'innocence" est, comme le promettait la 4ème de couverture, une roman intriguant. Le qualificatif de "gothique" a également été largement utilisé par l'éditeur, sans doute parce qu'au centre de cette narration sororale il y a avant tout un lieu, une maison hantée - le "gâteau de mariage" - aux pignons tarabiscotés et aux pièces immenses et peintes de fleurs alliant poésie et venin.


Une maison symbole de l'union de Bélinda, la mère, avec un homme fabricant d'armes qui lui a été imposé, et de ses six filles, toutes baptisées du nom d'une fleur. Le mariage, il en sera question de la 1ère à la 589ème page. En effet, une malédiction semble peser sur les épaules de Madame et Mesdemoiselles Chapel - là encore un nom prédestiné. De par l'activité du père, la mort est partout présente dans ce lieu paradoxalement rempli de fleurs, vivantes, peintes ou incarnées dans les demoiselles qu'il abrite.


Nous sommes dans les années 50 en Nouvelle-Angleterre, côte est des USA et il semble que contracter un mariage promette chaque miss Chapel à une mort foudroyante. Iris, la narratrice, échappe seule à ce sinistre augure. Je ne spoile pas, c'est le pitch. Octogénaire, elle raconte dans une série de carnets l'histoire de sa famille, de ses sœurs, ainsi que sa propre destinée.


Le roman se lit bien, les pages tournent facilement. L'atmosphère est en effet mystérieuse et quelque peu "gothique" dans le sens où l'on y trouve maison hantée, malédiction, folie, spectres, vierges menacées, etc. Un sentiment d'oppression envahit le lecteur mais qui ne s'est jamais transformé en suspense en ce qui me concerne, pour la bonne raison qu'on s'attend à la disparition de chaque sœur avec une régularité déprimante de métronome. Le récit souffre de longueurs et de redondance, les 250 pages de son centre constituant un "ventre mou" que j'ai eu quelque peine à surmonter ; toutefois j'ai été heureuse de persévérer car le dénouement m'a plu, mieux rythmé.


Globalement, ce fut une lecture agréable mais beaucoup moins marquante que ce à quoi je m'étais attendue, je suis loin du coup de cœur. Je n'ai notamment pas apprécié la place des hommes (ou l'absence de place) dans le roman, aucun ne trouvant grâce aux yeux de l'autrice et de la narratrice, visiblement misandres toutes les deux. J'ai trouvé cela un peu raide, sans mauvais jeu de mots.


Je ne me suis pas attachée plus que cela à Iris, c'est sans doute la raison principale expliquant mon avis mitigé. Néanmoins, je reconnais que le roman offre des aspects très intéressants d'un point de vue littéraire : la mise en place de l'ambiance familiale - quoiqu'alourdie par une minutie inutile dans la description des repas et des vêtements -, l'introduction du thème de la folie, la place des femmes dans la société patriarcale américaine, etc.


Un roman que je suis contente d'avoir lu et terminé.

Créée

le 7 mai 2025

Critique lue 26 fois

Gwen21

Écrit par

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