Un manifeste d’une grande qualité et qui questionne grandement les rapports qu’entretiennent les pouvoirs politiques et l’histoire.
Sur la physionomie générale du texte : un avant-propos bref, clair et efficace, présentant l’association Liberté pour l’Histoire, créée en 2005 et alors présidée par René Rémond. Puis, un texte court et percutant, relativement politique aux formules fortes, de Pierre Nora. Enfin, un texte plus long, plus technique, plus méthodique aussi de Françoise Chandernagor. Les deux textes sont ainsi complémentaires et posent des questions souvent semblables avec des formes diverses.
Sur la philosophie générale du live, notons que les deux auteurs, respectivement président et vice-président de l’association condamne la montée en puissance de la mémoire face à l’histoire, ses méthodes et sa philosophie.
Tous deux regrettent l’instrumentalisation de l’histoire par la Loi, l’extension de la notion de crime contre l’humanité, la victimisation du passé.
Le choc des mémoires a brisé l’idée même d’histoire, de récit, de roman national. Le primat de la mémoire a bouleversé notre rapport à cette dernière qui désormais oblige les nouvelles générations à faire table rase d’une méthode et d’un esprit critique.
De même, les historiens critiquent la mise sous tutelle de l’histoire par le juge et les problèmes de liberté induits par l’arsenal judiciaire complexe pouvant entrainer une forme d’autocensure.
Ce petit livre, percutant et très dynamisant intellectuellement est très accessible.