Je viens de terminer Lolita à Téhéran et ce livre m’a laissé quelques regrets.. Je n’ai jamais lu Nabokov, et mes lectures de Jane Austen et de Gatsby sont bien lointaine. J’en aurai tellement plus apprécié cette oeuvre.
Ayant discuté en groupe de ce livre et des événements ayant frappé l’Iran durant le régime de la République Islamique, le conjoint iranien de l’une d’entre nous disait que ”toute personne ne résistant pas à la la manipulation d’une tierce personne ou d'une puissance politique, étrangère, prend le risque, sur le plan individuel ou collectif de se retrouver un jour privé de ses libertés, comme les étudiants iraniens dont les manifestations furent instrumentalisées.” La disparition des jeunes de 20-30 ans entre 80-89 privera à jamais l’Iran de la connaissance de certains événements historiques et de liens avec l’Iran d’alors, laïc et ouvert sur le monde.
L’auteure continue ses cours avec quelques étudiantes, elles s’adonnent à la joie de la découverte de livres interdit par la République Islamique. Cette oeuvre s’articule autour d’auteurs qu’analysent les élèves passionnées et avides de découvrir, dans le havre de paix qu’offre le salon de Mme Nafisi.
Le premier auteur évoqué dans cette oeuvre est Nabokov et sa Lolita. Un livre qui traite de l’abus sexuel exercé par le beau père sur sa jeune belle fille dont le corps mortifié va devenir un prétexte pour aliéner des femmes dans cette république. Lolita est accusé d’être provocatrice et seule responsable de son sort, parce qu’elle est femme, et qu’une femme est pécheresse par nature. Les fanatiques de ce pays se sentent provoqué par une mèche de cheveux qui dépasse du voile, une démarche qu’ils jugent provocante.. Ils ne se rendent pas compte que ce sont leurs propres fantasmes qu’ils projettent ainsi sur ces femmes, et qu’ils rendent responsable de leurs faiblesses.
L’auteure et ses élèves nous démontrent par leur résistance, la puissance de l’imaginaire, de l’analyse et de l’éducation face à l’ignorance et au fanatisme. Après un séjour à l’étranger, Nafisi rentre en Iran.. elle ne reconnait plus son cher pays, elle s’y sent une paria.. quitte l’université car elle refusait de se plier aux exigences du voile. Nafisi alterne son histoire personnelle, celle de ses étudiantes en parallèle avec les événements du moment, la guerre avec l’Irak et les exactions du régime.
En faisant ce parallèle, analysant les situations de manière pertinente, touchante et profondément humaines, on réalise que l’être humain recherche une humanité unie.
Nafisi, à la fin de son livre le démontre C’est grâce à la révolution que nous avons découvert ses oeuvres, que nous les avons appréciés, que nous avons voulu les lire.. Pour s’instruire, mais aussi pour résister. Car nous avons prouver que parce que ce fut interdit, nous avons trouvé la force de lire ses livres, de nous y intéresser. Sans la révolution qui nous opprimait, nous ne les aurions sans doute pas autant apprécié.
L’opprobre subie par les femmes dans tous les régimes totalitaire dévoile la faiblesse de ses dirigeants