le 14 oct. 2012
mourir ou devenir fou
Encore une fois, on se prend une bonne claque avec ce roman de Caryl Férey. Aucune concession, des descriptions qui font frémir, des personnages dévorés par la rage et au parcours maudit. Un style...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
La dictature argentine, soutenue par la CIA, alimentée en méthodes de torture par la France - ou tout au moins les anciens de l'OAS - a été l'une des plus cruelles de toute l'histoire du continent sud-américain. Cerise empoisonnée sur le gâteau bien pourri cuisiné par les généraux et leur clique - qui n'ont jamais payé pour leurs crimes, il faut le rappeler -, la junte a procédé au vol systématique des bébés et des jeunes enfants de leurs victimes, attribués ensuite à des couples stériles faisant partie de leur "cercle". Les cinéphiles se souviennent sans doute encore du film de Luiz Puenzo, "l'Histoire Officielle" (1985), qui fut l'un des premiers (l'un des seuls aussi) à dénoncer une telle horreur, dont le pays ne s'est pas encore remis.
Caryl Ferey, auteur de polars qui intègrent systématiquement les éléments politiques, géopolitiques, et sociaux des pays où se passent ses thrillers, a nourri son "Mapuche" d'une multitude d'informations détaillées sur les crimes de la dictature, mais également sur les abominations de l'histoire d'un pays au passé particulièrement accablant, comme le massacre systématique des populations indigènes. Et le résultat est effroyablement impressionnant, rendant la lecture de certaine pages du livre, comme celles narrant les tortures infligées aux "disparus", particulièrement insoutenable.
Le problème de "Mapuche", du coup, est que, hormis la composition assez remarquable des deux personnages principaux, survivants de l'horreur, et la description de leurs mécanismes de survie ("mourir ou devenir fou", phrase qui revient régulièrement, décrit parfaitement le défi qu'ils affrontent), la partie thriller du livre est beaucoup plus faible que les éléments historiques. Sans même parler de l'accumulation excessive d'invraisemblances dans les passages "d'action", qui voient nos héros survivre à peut près à tout, envers et contre toute logique.
Reste que, malgré ces défauts; "Mapuche" est une lecture chaudement recommandée à tous ceux qui ne connaissent pas l'Argentine. Comme à tous ceux qui appellent aujourd'hui de leurs vœux un gouvernement militaire, ou même d'extrême droite, sans en réaliser le danger mortel.
PS : Ce n'est peut-être pas très important aux yeux de certains, mais on ne peut que déplorer que la couverture de l'édition de poche de "Mapuche" utilise l'image d'un indien "amazonien", qui n'a absolument rien à voir avec les caractéristiques physiques des populations autochtones du cône Sud du continent, à des milliers de kilomètres de là. Il m'est difficile de comprendre une telle négligence de la part d'une maison d'édition, surtout par rapport à un livre qui se veut factuellement exact.
[Critique écrite en 2021]
Créée
le 16 août 2021
Critique lue 230 fois
le 14 oct. 2012
Encore une fois, on se prend une bonne claque avec ce roman de Caryl Férey. Aucune concession, des descriptions qui font frémir, des personnages dévorés par la rage et au parcours maudit. Un style...
le 16 août 2021
La dictature argentine, soutenue par la CIA, alimentée en méthodes de torture par la France - ou tout au moins les anciens de l'OAS - a été l'une des plus cruelles de toute l'histoire du continent...
le 10 juin 2012
Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/04/15/note-de-lecture-mapuche-caryl-ferey/
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