J’ai toujours eu ce nom, Marguerite Audoux, dans un coin de ma tête… Une boîte à livres m’a offert l’occasion de lire « Marie-Claire », dans une édition de poche de 1958, et rien que la couverture, cette jeune fille diaphane sur fond de frênes têtards dans le brouillard fait frissonner. Remarquablement préfacé par Octave Mirbeau, le récit de la vie d’une orpheline issu d'un monde de pauvreté, de mort et d'alcoolisme, (le livre est, quoique romancé, autobiographique) au début du XXe siècle, est à la fois éclairant et éprouvant. Marie-Claire tout au long du livre, divisé en trois parties, aura à faire avec deux catégories d’adultes, qu'ils soient religieux ou non : les autoritaires, briseurs de rêves, grondeurs et les aimants, attentionnés, qui permettent des moments de joie. Heureusement que ces deuxièmes existent sinon se serait l'asphyxie ! Mais, comme dans un mauvais rêve, la méchanceté semble toujours triompher, jusqu’à une fin inespérée qui augure d'une nouvelle vie. Le style est sec, sans emphase, les faits et les émotions sont énoncés avec brièveté. Heureusement, l’imagination, la lecture quand elle se présente et la rencontre de quelques êtres d'exception sauvent cette petite fille du naufrage, et nous offrent quelques beaux instants de poésie, simples et touchants. Marguerite Audoux sait croquer en peu de mots un personnage, parfois, son patronyme suffit.
Je conseille vivement la lecture de la biographie oh combien éclairante de Madeleine Audoux : https://républiquedeslettres.fr/audoux.php