Mers Mortes est un livre surprenant par son parti pris de lancer l'intrigue in medias res, sans exposition excessive, ni mise en contexte. L'histoire se passe dans notre temporalité (pour intégrer une discours politique sur la conservation de la biosphère), mais elle parle d'esprits, de fantômes, des reliquats d'une vie sur le point de s'éteindre.
C'est surprenant, dérangeant, déstabilisant, ... mais pas le temps, la marée est déjà là et on est alors emporté par la qualité d'écriture des séquences oniriques de lutte contre les esprits. L'auteur pioche clairement ses influences dans les clichés du récit post-apo, mais elle apporte une générosité et une énergie qui nous entraîne sur le chemin du Dieu des mers.
Dans ses instants de pose, le livre se limite par contre au strict utile, peinant à donner de l'ampleur à ce monde qui atteint les derniers spasmes de douleur. Mais avant que les failles apparaissent, une nouvelle vague surgit et nous emmène vers de l'imprévu, des sacrifices et de l'aventure digne des grands romans populaires.
Mers Mortes est un vrai plaisir de lecture, un livre qui sait encore nous émerveiller. Un voyage entre imaginaire et réalité, ultime chant d'un monde en quête de réconciliation, qui surprend, emporte et parvient à passer sous silence ses propres lacunes par une force de conviction remarquable.