Publié à Rivages/noir, Midnight Examiner est la preuve que la collection ne se consacre pas qu'aux grands polars mais aussi à des univers bien plus déconnants. Ici, nous sommes servi.
William Kotzwinkle colle aux basques d'une bande de gratte-papiers délurés agitant leurs plumes pour les éditions Caméléon, maison mère d'une dizaine de journaux évoquant le croisement entre The Onion (ou le Gorafi), Ici Paris, les courriers du cœur et un tract des témoins de Jéhovah.
Ce qui laisse déjà une bonne marge de manœuvre à l'écrivain pour dynamiter chaque page avec son flot de personnages truculents et de titres complètement barrés. Et passées les (longues) présentations, voilà nos héros embarqués dans un conflit avec la Mafia...
Midnight Examiner se lit assez vite, le délire est communicatif. Peut-être même un peu trop. Le roman m'a bien fait rire, mais le fait de voir les situations et échanges s'empiler, non-sens et absurde à la clé, déstabilise quelque peu. Je trouve qu'il manque d'un petit quelque chose apportant respiration et contexte auquel se rattacher. Il faut attendre une centaine de pages pour que l'intrigue parte enfin. Ce qui -malgré les moments de rire- peut paraître un peu longuet.
Il faut évidemment accepter de lever toute forme de vraisemblance pour s'y plonger. Je me suis laissé emporter sans trop de difficultés, bien que je reste beaucoup plus client d'un auteur comme Donald Westlake.
Pour les amateurs de décontraction totale et de bizarrerie en tout genre, Midnight Examiner sera un livre de chevet. Et il faut avouer que William Kotzwinkle pousse les curseurs dans le rouge, rayon folies :
- Nathan - le directeur - qui ne quitte jamais sa sarbacane
- Fernando obsédé par les vaches en tutu
- Hattie, rédactrice, polarisée sur les titres chocs de sa feuille de chou
- Uqal Mussa, chauffard de limousine à l'enthousiasme spectaculaire
Et ça n'est qu'une partie des réjouissances qui vous attend. La détente se mariant bien avec les énormités, le livre les enchaine sans temps mort.
Un jolie virée dans un New York qui a tout du ride sous drogue euphorisante.

ConFuCkamuS
6
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le 26 déc. 2019

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ConFuCkamuS

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