Ce ne fut pas une balade de santé, peut s'en faut.

Une collègue m'a demandé de lire ce roman, perplexe devant les relations des personnages. Et bien, collègue, tu avais entièrement raison. Ce roman aborde le délicat sujet de l'intimidation, mais ce que je vois surtout, c'est une véritable toile de relations malsaines, peut importe dans quel angle on regarde. Comme il s'agit d'une demande, je compte extrapoler et étayer mon point, mais sachez que ce roman me désole et que mon propos sera rude. Les représentations d'amitié sont terribles et bien sur, on a pléthore de beaux Bad boys qui se comportent tous comme des salauds, parce qu'on leur en donne la possibilité. Je ne sais pas ce qui m'a indigné le plus de ce roman: Ce que subit la protagoniste ou tout ce qui cloche dans son réseau social? Mon problème avec ça? Qu'à aucun moment on ne mentionne cet état de fait, qu'on dise clairement que les relations sont horribles ou toxiques. Non, elles sont traitées comme "normales". Autre gros problème pour moi: La présente de gros stéréotypes indigeste et la très évidente masculinité toxique.

Donc, qu'avons-nous?

Comme c'est le cas dans moult romans comprenant des relations malsaines, nous avons les deux profils types,pratiquement pandémiques, à ce stade, vu leur sur-représentation en littérature jeunesse et adulte).

D'une part, nous avons le stéréotype de "La fille ordinaire", qui se décline de cette façon: Amatrice complète de littérature ( avec un penchant pour les romances, bien entendu), Maxim accorde beaucoup d'importance à sa passion littéraire. Elle est de physique standard, mais avec les clichés connus de ce profil: des lunettes, une coupe pas très avantageuse, bref, à travers ses propres yeux, elle ne s'estime pas beaucoup. Maxim admire en secret la tripotée de beaux gars populaires, aussi beaux qu'arrogants, incultes et sportifs ( tiens, tiens, encore des clichés, ma parole!) , mais jamais elle ne va l'avouer, surtout que ces trois narcissiques vont se faire un plaisir de lui nuire. Aussi, Maxim est d'une incroyable maladresse dans les sports, mais brille dans les domaines artistiques. Enfin, elle pense être douée pour faire des critiques et analyser ses romans, mais ce talent est paradoxal: en réalité, dans les interactions, elle ne s'y connait pas du tout. C'est peut-être pour cela qu'elle a de l'intérêt pour les pires imbéciles que le genre masculin porte dans son école? À creuser. Le moment le plus éloquent de cet aspect de sa psyché est à la page 125, quand elle prend une douche et se coiffe "au cas où les trois amis toxiques de Félix, soit les trois salauds qui vont éventuellement devenir les intimidateurs, viennent "l'embêter". Planifier d'être jolie au cas où des gars machos et stupides qui t'embêtent viennent te faire la vie dure, brillant, ça Maxim! Absolument cohérent! Bon sang, quelle andouille...

Je ne cacherai pas que ce genre de personnage m'horripile. Elles sont beaucoup trop nombreuses et laisse toujours entendre que les amatrices de livre ne sont que des introverties mal dans leur peau, de vrais maladroites sociales autant que physique et surtout, d'épouvantables "amoureuses". Mais bon, le tome 1 ne donne pas encore le ton de ce côté là, mais je suspecte que cela arrive. Un élément assez chronique aussi de ce genre de personnage, c'est leur incroyable vulnérabilité au détournement cognitif. Maxim illustre assez bien que ses considérations sont réorientés face aux propos de certains personnages, comme si au final, c'était elle, le problème. J'y viendrai. Bref, Maxim est un énorme stéréotype.

Le second personnage, celui que j'ai détesté dès les premières descriptions, c'est Adam, le "Bad Boy". Ténébreux, impertinent, pas sympa, pas très bavard, c'est le type de gars qui revient dans 95% des romans "d'amour" ( plutôt des gros béguins irrationnels). Il est ténébreux ( comme tous les autres), il a fait des trucs audacieux ( évidemment) et se montre détestable avec tout le monde, la fille ordinaire inclue. Ce qui me désespère avec le stéréotype du Bad Boy, c'est que cet archétype d'une banalité affligeante est toujours "superbe". Il a de belles dents droites, il est gracieux, il a de beaux yeux verts, une franche qui cache sa belle gueule d'Ange d'incompris, de la musculature ( il s'entraine), bien sur bon en sport, bien sur Lecteur ( oui, c'est un gars "intelligent", notez les guillemets, mais il ne s'en sert à aucun moment dans le roman, à mes yeux) et a au moins 80k d'arrogance brut, bien entendu. Oh, et comme l'indique la page 134: "Il est un peu compliqué comme gars." Non, il est pas compliqué, c'est juste un ado immature qui ne sait pas se gérer tout ce qui se fait de plus banal. En faire un ténébreux et un Lecteur ne le rend pas plus complexe pour autant. Je dirais même que ça le rend plus con encore. Les livre sont des outils, mon gars, ça aurait du te mettre un peu de bon sens entre les deux oreilles. Bon sang que je déteste ces personnages-là. Les seules qualités qu'ils ont réellement sont purement physiques. Pour la psyché, ils sont prévisibles et auto-centrés avec la platitude d'une figurine en carton. Que de complexité....

Au fond, "les filles ordinaires" des romans pour filles ne veulent pas se l'avouer, mais elles bavent sur des beaux gars seulement. Superficielles, finalement , ces "intellectuelles", parce que je croise très rarement des romans sur des filles ordinaires qui tombent amoureuses de gars gentils, pas forcément beaux, plutôt intellos, ou alors geek, ou pourquoi pas un peu enveloppé et/ou tout simplement "ordinaire"? Non, c'est juste pour les Bad Boy super beaux. Rien d'autre. Et vient le truc que je hais viscéralement dans les romans: Les justifications du Bad boy sur son attitude merdique. Bien sur, ce beau ténébreux ne peut pas toujours rester dans la case du parfait trou-de-cul, autrement il n'y aurait aucune raison "logique" pour les filles ordinaires de les côtoyer, à moins d'être stupide. Il faut donc expliquer que ce "pauvre petit chat" a subit de la violence. Que ce n'est pas de sa faute. Qu'il a des raisons de se comporter en salaud. Que ses comportements inadéquats, blessants et offensant, ainsi que l'humiliation qu'il fait subir à la fille ordinaire ( qui ne lui a rien fait d'ailleurs) est compréhensible. Qu'il faut le plaindre. Qu'il faut avoir pitié de lui. Sortez les violons. Je ne fais pas parti des Lectrices qui trouve ce genre de tournure de scénario saine ni même crédible. D'abord, parce que contrairement à la croyance populaire, des princes charmants cachés sous des Bad Boys, ça n'existe que dans les romance destinées au filles. Pas dans la vraie vie. C'est donc un fantasme, et un fantasme extrêmement sur-représenté en fiction féminine. Ensuite, parce que la logique du pardon pour "le passé difficile" n'est recevable QUE pour les Bad Boys BEAUX. Les autres, ces personnages ordinaires, moins beaux, moins cool, moins sexys, ils peuvent bien continuer de subir les moqueries, de la violence et le rejet des filles, c'est pas vraiment grave, ils sont "moches"de toute manière. On ne pardonne jamais aux filles d'être simplement elles-mêmes dans la fiction comme dans la vie, mais je constate qu'on ne pardonne pas non plus aux personnages masculins ordinaires d'être ordinaires ( et sans problèmes à guérir d'un bon coup de baguette amoureuse).

Adam, donc, ce grand abruti. Oui, je suis dure, mais mon niveau de patience envers ce genre d'archétype est dans le rouge. Il a été odieux, insultant, mesquin, impertinent, cruel parfois, et il a non seulement employé le détournement cognitif sur Maxim, il s'est invité sans permission dans sa chambre, lui a volé un livre et globalement, lui a toujours reproché d'être elle-même. Ce personnage est une raclure et le pire, c'est que Maxim est en bonne voie de lui pardonner. Et à celles qui me diront que "il a vécu un passé difficile", parce que, bien entendu, il a un passé difficile, je leur lance cette perche: Alors pourquoi est-il le seul personnage a employer son passé pour être détestable avec les autres? Curieux, Maxim internalise, ELLE, elle ne déplace pas ses frustrations et son vécu "difficile" sur les autres, ELLE. Comme je le disais, on pardonne tout aux Bad Boy, même d'être des immatures et de pathétiques gestionnaire d'émotions, car c'est exactement ce qu'est Adam, un immature qui ne se gère pas. On ne verra pas beaucoup de transfert et de projection chez les personnages féminins, parce que dans la société, on s’attend à ce qu'elles internalisent. On admet en revanche que les gars explosent et déplacent leur ressenti sur les autres. Pire, on le banalise, voir on l'encourage. Une fille qui se montre colérique, c'est une hystérique. Un gars qui se montre colérique, c'est séduisant. C'est un "Mâle alpha", un gars qui ne se laisse pas faire. Un "viril", un VRAI gars. Affligeant. Ce qui me fait penser que c'est exactement ce que reproche Adam à Maxim: "Laisse toi pas faire!" Heille, Machin, gère dont tes problèmes avant de te mêler de ceux des autres! Ce personnage s'accorde beaucoup d'importance, alors qu'il est déjà assez hypothéqué en capital sympathique. C'est sa belle gueule qui le sauve.

Dans les passages dérangeants liés à Adam, en voici des exemples:

1-Au début, Maxim évite Félix ( alias son "meilleur ami"), parce qu'il se tient avec Monsieur Tronche-Sinistre Malcommode ( alias Adam). Si ce n'est peut-être pas la meilleure réaction, reste que c'est le choix de Maxim, qui préfère la fuite à l'affrontement. C'est ce qu'on appelle une "stratégie d'évitement". Pourtant, ce même Adam va ensuite lui reprocher cet évitement, parce que "Félix est mon ami. Je protège mes amis". Pardon? Adam sait pertinemment que c'est SON problème d'attitude qui fait fuir Maxim, alors lui reprocher ensuit de faire "souffrir" Félix, un ami exécrable en passant, c'est une exemple de détournement cognitif évident. Il lui reproche un état de fait qu'il a lui même créer, en somme.

Je déplore l'usage du détournement cognitif. Commode cette manipulation vicieuse qu'Adam emploie sur Maxim, vraiment, une très bonne arme. Lui faire croire qu'elle est le problème. Lui faire sentir que s'il est odieux avec elle, c'est son problème d'attitude à elle qui le fait réagir comme ça.

2-La scène de la page 104: On a le très traditionnel "combat de coq", très présent lui aussi dans les romances toxiques. Histoire d'être bien sure qu'on comprenne, nous Lectrices, que le beau ténébreux est le Mâle Protecteur par excellence, on a droit à une scène de rivalité entre Mâle Alpha toxique 1 et Mâle Alpha toxique 2, soit Adam et Matéo, le chef des intimidateurs. On les présente en capitaine dans un cours de physique ( oui, un sport, histoire de bien insister sur leur force physique et leur mâlitude de meneur), puis on les oppose sur le terrain. Cette scène est vraiment de trop.

3-Adam s'invite lui même dans la chambre de Maxim ( qui ne proteste même pas) et va fouiner dans sa bibliothèque ( c'est là qu'il vole un livre).

4- Félix explique le "passé difficile" vraiment prévisible ( beau papa l'aime pas) d'Adam et lui demande d'avoir de l'empathie pour lui, que c'est un gars bien et qui trouve la justice importante. Pardon?! Lui? La JUSTICE? On parle du même gars qui a été profondément injuste avec Maxim? Ce gars là?? Faudrait avoir pitié d'un gars qui joue les justiciers quand son humeur bougonne et son égocentrisme ne lui donne pas l'air d'un foutu salaud avec une fille qui ne lui a rien fait? Je n'en revient pas...Et venant du même personnage qui n'est jamais là quand ça compte pour Maxim, en plus. Oh, oui, pardon, "il a la chienne".

Je peux comprendre le désarrois que vivent les amis de personnes subissant de l'intimidation et le sentiment d'impuissance qui vient avec. Mais Félix n'est pas le personnages solidaire qui aide discrètement, ni l'épaule de consolation ou même l'écoute attentive. Il n'est RIEN de tout cela. C'est le personnage qui fait sentir Maxim fautive, c'est celui qui rit des situations de malaise qu'il cré et c'est aussi le gars qui invalide le ressenti de Maxim. Je n'ai donc aucune pitié quand il se justifie ( oui, lui aussi a des raisons d'être un ami exécrable).

J’apprends aussi éventuellement que la relation entre Maxim et son "Meilleur ami" est secrète. Donc, non seulement et Justine, sa meilleur amie, ont une façon passive-agressive de se parler, mais en plus, Félix est un "ami de façade"? Ça commence à devenir drôlement lourd tout ça, d'un point de vue interpersonnel...Et encore pour des raisons superficielles, on se croirait dans Breakfast Club. C'est Félix joue au HOCKEY, s'cusez le de vouloir préserver son image auprès des trois intimidateurs de Maxim. Yup. Les amis de Félix sont les intimidateurs de Maxim, vous avez bien lu.

Félix aussi joue souvent sur la corde de "qui a dit quoi" et lui aussi se fait passer souvent pour la victime des circonstances. Oh, il y a eu des excuses, mais c'est assez mou comparativement à ce qu'il apporte réellement au personnage de Maxim.

Dans les passages qui m'ont semblé problématiques avec Félix, en voici quelques uns:

1-"Je suis fâchée qu'il ( Félix) ne prenne pas ma défense ( Maxim) [ ... ]"

Bon, déjà, ce serait quand même à toi d'apprendre à te défendre Maxim, attend pas que tes potes gars le fasse parce que t'es une fille. Mais je comprend son point: Un ami qui rit d'une situation qui rend son ami mal à l'aise ou qui est à son détriment, en bon français, c'est vraiment ordinaire. Mais c'est un peu ça, la relation entre Maxim et Félix: Des non-dits, aucune solidarité, beaucoup d'invalidation émotionnelle et Félix semble ami avec Maxim "quand ça l'arrange". Une belle relation malsaine.

2-Une scène où Félix arrive chez Maxim, qui l'a évité. Il s’incruste, fait comme si l'avis de Maxim était non-recevable du fait d'avoir été "évité" et a le culot en plus de demander à Maxim de saluer le Bad boy qui lui sert d'ami. Belle attitude, ça, Félix, on appelle ça "Invalider un propos" et on ne fait pas ça en amitié, quand on apprécie vraiment son ami, ce qui n'est pas ton cas.

Ça c'était juste les trois personnages centraux, passons aux secondaires! On a la meilleure amie Justine, pas super solidaire, passive agressive et comme Maxim ne fait pas confiance à son jugement, elle ne prend qu'une partie des infos de son amie. En clair, y a pas de confiance solide. Maxim la trouve même "dramatique", voir qu'elle "exagère souvent". Ah ben bravo pour la saine communication et la confiance!

Il y a les trois cerbères, Matéo, Roan et Jules. Les trois intimidateurs. Les deux autres ne sont au final que des Crabbe et Goyle en beaucoup plus beaux, c'est Matéo le vrai "Mâle Alpha toxique #2. Il est bien sur doté de toutes les qualités vénérées dans l'Élite Sociale Patriarcale: Beau, talentueux, sportif, sur de lui, arrogant et attirant ( pour ce que ça veut dire...). Maéto est un connard en règle, un tir-au-flan ailleurs que dans son sport, une calamité sociale qui tire profit de son physique avantageux. En clair: S'il pouvait sortir avec lui même, je pense qu'il le ferait. Il a des traits narcissiques et on n'a pas de mal à le trouver détestable. Je remarque que la façon se parler entre eu trois est à peu près aussi sympathique et profonde que la petite pataugeoire remplie de pipi de bambins de la piscine municipale. Encore des relations amicales malsaines.

Il y a même des personnages tertiaires dans le baril de bad boys! Saluez Louis et Carl, deux "extravertis qui vont m'intimider!" pour citer Maxim ( c'est pas gentil, ça Max). On nous rappelle encore qu'en leur qualité de voyous, ils sont super beaux ( quoi, encore?!) et se foutent des règles. Ils sont les seuls à trouver cool qu'une fille ait remit le roi des cons ( Maéto) à sa place. J'aurais quand même apprécié que Maxim ait eu la présence d'esprit de remarqué que Matéo et Adam ont quand même beaucoup de point communs et qu'il eut été cohérent de ne pas se laisser malmener par Adam non plus.

Dans un autre ordre d'idée, je remarque que pratiquement chaque personnage féminin adolescente est étiquetée d'un stigmatisme désobligeant. Pour une, c'est son odeur nauséabonde. Pour une autre, c'est sa voix qui porte "trop". Pour une autre encore, elle dramatise. Ayoye. Ok, et y a un peu de positif, non? Non, on en rajoute: La protagoniste qui minimise ses talents, sa meilleurs qui est "snob" et fait de vilaines généralisations. Je constate que les personnages ont vraiment une façon malaisante de se parler, mais Maxim elle-même a de gros préjugés envers les filles. Vraiment moche pour une fille qui se déclare "bonne critique littéraire ", parce que sa pensée critique est assez médiocre envers les vivants.

J'ai un soucis avec les représentations de l'introversion-extraversion. Les autrices ont la mauvaise manie de cantonner les personnages sur l'un ou l’autre des extrêmes de ces deux pôles, soit du parfait ermite maladroit socialement au total désinhibé exubérant. Bon sang, c'est vraiment pas ça! Déjà, être "sociable" ne relève aucunement de l'introversion ou de l’extraversion, c'est un trait de personnalité séparé. On peut être un introverti à l'aise socialement, comme ont peut être un extravertis mal à l'aise socialement. Toujours nous servir la petite petite maladroite-cafouillante-coincée-dans-ma-bulle, ça m'énerve beaucoup et c'est un gros cliché facile de plus! Ajoutez à cela les extravertis couillons et imbus d'eux même qui se foutent de l'opinion des autres et de suivre les règles et on a donc les deux extrêmes dans le même roman.

Les adultes sont décevants aussi. Ce prof qui, sous prétexte d'inculquer aux ados la notion de résolution de problème, incapable de reconnaitre un cas d’intimation de groupe, ça me navre. Les mamans sont tertiaires, plus décoratives que vraiment participatives. Globalement, aucun personnage ne m'a interpellé ou m'a semblé intéressant. Dans les thèmes, on reste dans les relations malsaines souvent, sans approfondir sur autre chose. On revient beaucoup sur les livres comme refuge, mais ça sonne aussi comme une évasion hors de la réalité. Triste, quand même.

Un thème très présent est la masculinité toxique. Modèles de gars épouvantables autant pour Maéto et ses "amis" que Félix et Adam, ils constituent de très piètres représentant de leur genre. Leurs relations amicales sont teinté de domination, de moqueries et même de mauvais coups. On est dans ce qu'on désigne comme de la violence psychologique. Quand les mots servent le dénigrement, le rabaissement et la stigmatisation, c'est de la violence psychologique. Y a rien d"amical" là-dedans et ça me navre que nul part on désigne ce genre de relation comme tel. On traite cet aspect avec désinvolture, comme si, bah ouais, on est des "gars", des vrais, on aime ça "rude". C'est tellement n'importe quoi que s'en devient risible. Entendre Félix et Adam se défendre mutuellement, mais avoir des rapports si pourris entre eux me fait rire jaune. Et comme la totalité des beaux gars du roman sont des salauds à des degré variables, franchement, on envoie un très mauvais message aux gars comme aux filles. Aucune beauté ne devrait permettre d'abuser des autres et de justifier d'être des humains exécrables. Si c'est vrai pour Matéo et cie, ce devrait être aussi le cas d'Adam et Félix, mais ce n'est pas le cas. Félix et Adam sont dépeint comme de pauvres petits maladroits, alors qu'ils auraient beaucoup de choses à se reprocher dans leur façon de traiter les autres. Surtout ceux et celles supposés être leur "ami.e.s". De plus, on comprend très bien que c'est leur statut de hockeyeurs qui leur permet autant d'abus. On ne conteste pas ces Quasi-Dieux masculins quand ils sont des hockeyeurs, c'est aussi vrai dans la fiction que dans la vie. La différence, c'est que dans la vie, on travaille à dénoncer la culture toxique qui gangrène ce sport et donne lieu à des scandales. La masculinité toxique dans le Hockey est un réel enjeu social au Québec et au Canada. Vous n'avez qu'à lire sur le scandale de Hockey Canada pour comprendre l'étendu des dégâts, qui ont ruiné des vies autant chez les joueurs que chez les filles qui ont subit leurs "initiations" et marchandisation sexuelle.

Je trouve aussi formidablement ironique qu'avec toutes les relations toxiques camouflés en romances qui gangrène la littérature adolescente et adulte, Maxim ne sache toujours pas les reconnaitre, parce qu'elle en lit, forcément.

Finalement, je reconnais encore le toxique filon de "Ennemis à amoureux" qui est aussi assez chronique en littérature destinée aux filles. Je dis "pour les filles" parce que les personnages masculins, eux, ne tombent jamais en pâmoison pour des Bad Girls détestables. En revanche, ces romans qui cré des contexte où "le gars et la fille se déteste" ( pour des raisons tellement insipides et illogiques en plus) pour ensuite faire basculer sur l'autre extrême, c'est tellement courant comme élément que s'en est devenu banal. Bref, je ne compte pas lire la suite que je devine déjà. Trop frustrant et prévisible. Pire que ça, y a rien de constructif ou positif a en tirer, parce que même les personnages supposés être des alliés sont des éléments malsains.

Ce roman fut une vraie descente aux enfers pour la personne que je suis qui hais les stéréotypes ( qui auraient pu au moins évoluer quelque peu) et condamne les relations malsaines banalisées et/ou glorifiées. Quand la seule chose positive que je retiens du roman est ce professeur gentil qui s'inquiète du sort de Maxim, mais refuse de la sortir de son pétrin, ça va mal.

Au final, "mille pages plus tard..." y a rien à comprendre. Faite surtout pas ce que font ces personnages dans la vraie vie, surtout, quel qu'il/elle soit.

Pour un lectorat adolescent, 13 ans+

Shaynning

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