Quand Muad'Dib rencontre Prodigy

Ce livre me laisse une impression un peu mitigée. Globalement, j'ai bien aimé l'univers et l'ambiance cyberpunk. Je me suis facilement attachée aux personnages. Je trouve que l'écriture est bien maîtrisée, surtout pour un deuxième roman seulement! Mais il y a quant même encore pas mal de défauts qui en plombent la lecture.

Le rythme de l'écriture est très monotone. Ce qui apporte un côté hypnotique qui est parfois intéréssant, mais souvent soporifique. Surtout, il ne change jamais et reste le même du début à la fin du récit quel que soit le type de situation décrite, qu'il s'agisse d'une scène d'action ou d'une scène descritptive. Pénible.

L'auteur, Vincent Gessler, a mis en scène son histoire comme s'il s'agissait d'un film. Cela colle parfaitement avec son univers de sosis truffé de références. Du coup, il rajoute à la fin du livre des "bonus" comme ceux que l'on peut trouver dans les DVDs : interview des personnages, scènes coupées et bêtisier. Franchement, je trouve déjà cela chiant dans les DVDs, c'est pas pour me taper ça dans un bouquin! Dans le même ordre d'idée, lors du dénouement final, Gessler imself fait intrusion dans le récit, un peu comme un Michael Haneke, mais n'est pas Haneke qui veut et j'ai trouvé cela plutôt mal venu : cela contribue à faire sortir le lecteur du récit.

L'histoire regorge de rebondissements et de turn over. Trop à mon goût. J'ai toujours l'impression que plus l'auteur en rajoute, moins il est maître de son histoire et qu'il en fait des tonnes pour perdre son lecteur et couvrir le fait que des détails pourraient ne pas être tout à fait cohérents.

Le récit est littéralement truffé de références, littéraire, cinématographique, musicales, historiques, philosophiques et j'en passe. Le problème c'est que la plupart sont vaines. Elles ne sont là que pour combler l'hisoire et ne servent à rien. Or, il y en a tellement que ça devient pénible. ça donne un aire un peu prétentieux au roman. J'ai un peu eu l'impression que l'auteur voulait absolument y caser toute sa science. C'est un peu lourd.
De plus, ce sont toutes des références typiques de trentenaires bien de chez nous. J'ai eu vâguement l'impression d'y retrouver une grande partie de ma dévédétèque, de ma bibliothèque et de ma cédéthèque... Pourquoi se casser la nénette à créer un univers futuriste si c'est pour l'ancrer si profondément dans le XXe siècle?

Bref, plein de défauts, mais qui n'ôtent pas le plaisir de la lecture. Un roman qui garde quant même une bonne cohérence. Un auteur à suivre sans aucun doute.
Je suis d'ailleurs curieuse de lire son premier roman "Cygnis".