Je remercie la maison Québec Amérique pour l’envoi de ce service de presse à notre librairie.


Il est assez courant de voir de jeunes personnages avoir du mal à se gérer sur le plan émotionnel en littérature jeunesse, mais pour une fois, ce sont les parents qui auraient besoin d'un cours 101 sur la gestion de soi. Yeah, allons-y gaiement!


Parents d'estrades à la limite parents-entraineurs, Josette et Théodule sont convaincus que LEUR enfant, respectivement Sydney et Marie-Philip, est LE/LA meilleur.e! Si les deux parents savent être solidaires envers leur enfant et savent collaborer dans les vestiaires, ils ont cependant un vilain travers: Leur esprit de compétition un chouia trop féroce. Leurs altercations explosives font la honte de leur enfants, qui ne savent pas trop comment réagir. Un jour, quand leur rivalité mal placée prend une fois encore de la place dans les gradins, un arbitre se sent obligé d'intervenir en les menaçant d'une place au banc des pénalité "pour mauvaise conduite". Penaud, les deux parents admettent qu'ils ont sans doute exagéré et qu'après tout, peut-être que l'enfant de l'autre est meilleur que le leur? Non mais, c'est clairement Marie-Philip qui est meilleure que Sydney. QUOI? Mais non, c'est Sydney qui est meilleur que Marie-Philip!! ET c’est reparti pour un tour de manège!



Ah, les parents! C'est drôle, on parle souvent d'eux dans les romans, mais pas tant que ça dans les albums, sauf pour les illustrer comme des figures sécurisantes, avec raison. C'est dommage, il y a tant à dire sur le rôle parental, un des rôles les plus riche et les plus exigeant que peut avoir une personne adulte. Et les parents ne sont pas infaillibles et dénués d'enjeux personnels. Et quand le rôle de parent côtoie de près celui d'entraineur, ça peut devenir difficile de concilier les deux. J'ai l'impression que Josette et Théodule oublient un peu leur rôle de partenaires à la pratique du sport de leur enfant pour s'attarder sur leur esprit de compétition personnel. Les deux sont d'ailleurs d'anciens joueurs de hockey et l'histoire le dit, ils ont plus ou moins tiré un trait sur leurs aspirations sportives. Oho? Est-ce qu'on a un peu de projection de leur rêves sur leurs enfants? Peut-être! On pourrait presque faire un autre tome sur ce point précis. Après tout, Marie-Philip et Sydney, dont même les prénoms sont ceux de grand.e.s joueur.se de hockey, ont peut-être d'autres aspirations ?



J'aime les albums qui parlent des émotions chez les adultes. Pourquoi? Parce que pour des raisons sociales, on a tendance nous, les adultes, à vouloir cacher nos émotions face aux enfants, que ce soit pour donner l'exemple ou parce qu'on craint d'ébranler les jeunes. Néanmoins, si les enfants ne voient pas les adultes réagir et gérer de manière efficace leur émotion, comment vont-ils l'apprendre? Bon, je ne dis pas de prendre exemple sur ces deux écureuils qui ne gèrent pas leur esprit de compétition, exagèrent éhontément et en viennent même à se chamailler physiquement, mais il est bon de montrer que même les adultes ne sont pas toujours bons en gestion émotionnelle. Aussi, le livre permet de parler d'un état émotif désagréable, soit un mélange de colère et de jalousie qui sont alimentés par une rivalité malsaine. Plutôt que de rester dans les encouragements qu'ils sont tout-à-fait capables de faire, ils reviennent au fait qu'un "Meilleur" doit se dégager du duo. Mais honnêtement, qu'est-ce que ça change? Dans les faits, rien du tout, mais ça donne lieu à des prises de bec passablement violentes ( cris et coups) et honteuses pour les deux enfants qui les regarde. Et ça ce n'est pas rien.



Pour ce qui est du graphisme, c'est mignon, dans un décor foisonnant de référentiel de bois puisque les personnages sont des écureuils ( Avis à mes profs qui me demandent des albums avec des personnages animaliers, on a des écureuils!) . J'aime également que les deux personnages soient un garçon et une fille, parce que de vilains préjugés courent toujours sur les moindres capacités des filles dans les sports, malgré nos nombreuses championnes dans ce sport ( L'équipe canadienne féminine de hockey gagne l'or à chaque Jeux Olympique, je dis ça comme ça...).



N'empêche que je me demande comment on "traite" la rivalité malsaine chez les parents comme chez les joueurs? Est-ce que les acteurs du sport comme les arbitres et les entraineurs ont des leviers pour gérer ça? Quels sont les trucs pour assainir ou maintenir sain son esprit de compétition ( quand on en a un) ? Dans l'album, le problème reste entier, mais heureusement que l'arbitre leur a clairement signaler que c'était là un piètre comportement, une "mauvaise conduite" passible du banc des pénalités. Après tout, dans le sport, il faut avoir "L'esprit sport", et dans cet esprit, on respecte les autres. Pas vrai, Josette et Théodule? Je pense que les vieilles habitudes ont la vie dure dans leur cas, mais il y a toujours place à amélioration.



Pour un lectorat débutant du premier cycle primaire, 6-7 ans pour la lecture par un lecteur confirmé, mais au 2e cycle primaire, 8-9 ans pour la lecture en solo.

Créée

le 3 mars 2024

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Shaynning

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