Fiche technique

Auteur :

Joseph Laporte
Genre : CorrespondanceDate de publication (pays d'origine) : Parution France : novembre 2007

Éditeur :

PUF (Presses Universitaires de France)
ISBN : 9782130564591, 9782130564591

Résumé : Comment imaginer la stupéfaction des soldats embarqués à bord de ['Orient ou du Patriote lorsqu'ils apprirent de leur commandant en chef, le général Bonaparte, qui ajoutait à sa signature le titre de membre de l'Institut, qu'ils allaient débarquer en Egypte. Longtemps le secret avait été bien gardé. Combien étaient-ils à avoir entendu parler de ce pays remis à la mode par Les Ruines de Volney ? Beaucoup n'avaient quitté leur village que pour combattre aux frontières ou, plus loin encore, en Italie. Le contact avec une civilisation orientale qu'ils avaient jusqu'alors ignorée, sauf à travers quelques gravures de colporteurs, fut certainement un choc. Débarquer au mois de juillet, au plus fort de la chaleur, avec des équipements nullement adaptés, n'arrangeait guère le moral des troupes, surtout lorsqu'il fallut entreprendre de longues marches à travers le désert. Tout était étrange : les tenues vestimentaires, les mosquées et les appels des muezzins, la végétation exotique et les crocodiles du Nil. D'emblée se posa le problème de la boisson face à une soif tenace. L'Islam proscrivait le vin. Certes, beaucoup de soldats s'étaient le plus souvent contentés jusqu'alors de boire de l'eau, mais la rareté de l'alcool ne pouvait qu'en stimuler l'envie. Les femme%s manquaient : peu de prostituées, quelques esclaves sur les marchés, mais leur achat posait plus de problèmes qu'il n'en résolvait, et partout des silhouettes voilées. Autre choc : la découverte de l'ancienne civilisation des pharaons. Ces colosses, ces gigantesques colonnes renversées et recouvertes en partie par le sable, ces fresques incompréhensibles faute de pouvoir lire les hiéroglyphes, ces restes grandioses de temples, tout ne pouvait que frapper l'imagination à mesure que l'on pénétrait en Haute-Egypte. Comment ont réagi les membres de l'expédition ? Nous savons qu'il y eut plusieurs suicides, que devant les monuments anciens des soldats présentèrent spontanément les armes, que l'excitation des savants de l'expédition contrastait avec l'abattement des hommes de troupe. Mais il s'agit là de manifestations extérieures. Que pensaient au fond d'eux-mêmes ces envahisseurs d'un type nouveau, puisque venus apporter aux fellahs la civilisation des Lumières et ressusciter un monde englouti ? Pour le savoir, il convient de se reporter aux souvenirs qu'ont laissés les acteurs de l'expédition. Ces souvenirs sont divers, mais peu nombreux. Il y a bien sûr le témoignage d'officiers supérieurs, comme Reynier et Desvernois, de savants, à l'instar d'un Jollois, d'un Villiess du Terrage, d'un Chabrol, ou d'un Malus qui appartient à la classe des mathématiques de l'Institut d'Egypte, sans parler de Vivant Denon dont le Voyage dans la basse et la haute Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte est devenu un classique de la littérature française. Le journal du capitaine François, dit le Dromadaire d'Egypte, ne manque pas de pittoresque mais semble, comme les lettres du tailleur Bernoyer souvent fort érotiques, avoir été quelque peu arrangé. La préférence ne devrait-elle pas aller aux simples soldats, dont les souvenirs dépourvus d'artifices et d'arrière-pensées sont le reflet exact de ce qu'ils ont vu, de ce qu'ils ont ressenti et de ce qu'ils souhaitent transmettre à leurs enfants et à leurs amis sans se soucier du jugement de la postérité ? Citons les mémoires de Moiret, qui ne cache pas son émotion devant les monuments des siècles passés, les observations du chasseur Millet sur les atrocités des combats, et le témoignage de Vigo-Roussillon, déjà sergent lorsqu'il prend d'assaut Alexandrie. C'est à ce courant que se rattache le Voyage de Joseph Laporte en Egypte et en Syrie. Il s'en distingue pourtant par plusieurs traits qui font son originalité.