Il était une fois un monde où les oiseaux avaient disparu depuis si longtemps qu’on pensait que leur existence était une légende. Au cœur de ce monde, il y avait un lac dont les eaux montaient inexorablement, et un village dont les maisons étaient élevées sur roues pour les éloigner des flots. Dans le lac, des cochons roses fluorescents nageaient au-dessus d’une forêt de cercueils.
Il était une fois une jeune femme que son père, le pasteur du village, avait prénommé Petite Boîte d’Os après une illumination au sujet de son crâne et de son cerveau. Petite Boîte d’Os tombait amoureuse de son voisin, le vieux Joseph, qu’on soupçonnait de cannibalisme, mais ce n’était qu’une péripétie de sa drôle de vie dans son drôle de village…

Il était une fois une dramaturge qui s’appelait Karin Serres. Elle écrivait un premier roman dont le titre énigmatique était Monde sans oiseaux. C’était un petit livre, une centaine de pages à peine, mais en le lisant, on se demandait comment il pouvait être si riche, si plein d’idées, si juste et si émouvant à la fois.

Monde sans oiseaux était un conte, dont il était difficile de raconter l’histoire, car elle était faite d’une multitude de détails, de jolies inventions, d’un imaginaire foisonnant dont l’existence même surprenait -avant de l’envoûter – le lecteur (trop) habitué au monde étriqué, pragmatique et réaliste dans lequel il vivait.
D’ailleurs, Monde sans oiseaux était aussi une fable qui parlait de cela, de notre monde que la modernité rendait trop froid, trop gris, coupé de la nature, privé peu à peu d’humanité – ce monde dont celui de Petite Boîte d’Os était un négatif, où le quotidien était fait de merveilleux mais aussi d’effroi, où la mort frappait aussi cruellement que la vie était vertigineuse, où l’amour enfin vibrait en peu de mots mais avec quelle force !

Il était une fois une nouvelle romancière qui s’appelait Karin Serres. Elle ouvrait une porte sur les rêves et les cauchemars et nous la faisait franchir sans trembler, et nous voguions avec joie, bercés par la houle rassurante de sa voix littéraire, à la fois inventive et précise, belle et singulière.
Et elle vous invitait tous, et avec elle les Cannibales conquis, à vous évader dans son fabuleux univers. Même si les oiseaux en avaient disparu.
Cannibalecteurs
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste A première vue : la rentrée littéraire 2013

Créée

le 26 juin 2013

Modifiée

le 31 août 2013

Critique lue 374 fois

2 j'aime

Cannibalecteurs

Écrit par

Critique lue 374 fois

2

D'autres avis sur Monde sans oiseaux

Monde sans oiseaux
Pouyou
8

Critique de Monde sans oiseaux par Pouyou

Une histoire en forme de conte sur petit de monde isolé où les habitants élèvent des cochons fluorescents qui nagent dans un lac qui fait office de cimetière. C'est un petit univers fragile aux...

le 16 déc. 2013

3 j'aime

Monde sans oiseaux
Cannibalecteurs
10

Monde sans oiseaux, de Karin Serres

Il était une fois un monde où les oiseaux avaient disparu depuis si longtemps qu’on pensait que leur existence était une légende. Au cœur de ce monde, il y avait un lac dont les eaux montaient...

le 26 juin 2013

2 j'aime

Du même critique

Esprit d'hiver
Cannibalecteurs
7

Cannibales dans le blizzard

L’Américaine Laura Kasischke a le chic pour vous planter en quelques mots une atmosphère bien poisseuse et vous y engluer jusqu’à la fin. Elle le fait de manière insidieuse, par strates successives...

le 4 sept. 2013

8 j'aime

1

Bruce
Cannibalecteurs
8

Rock'n'Cannibales

Parcours d’un homme autant que d’un musicien hors du commun, Bruce refuse l’hagiographie pour mieux expliquer pourquoi Springsteen, dans toutes ses nuances, avec sa puissance créatrice phénoménale...

le 26 juin 2013

4 j'aime

Les Renards pâles
Cannibalecteurs
8

L'insurrection sous les masques

Parce qu’il ne s’y retrouve plus, un homme décide de se retrancher de la société. Il renonce à son appartement, ne travaille plus, habite dans sa voiture, passe ses journées à errer dans le XXème...

le 27 août 2013

4 j'aime