Moriarty
6.9
Moriarty

livre de Anthony Horowitz (2014)

Tu aurais dû rester Mort, iarty.

Tout d'abord, que les choses soient claires: j'aime Sherlock Holmes. On pourrait même dire que j'adore Sherlock Holmes. J'en ai même fait l'épicentre de mes études supérieures. J'aime aussi Anthony Horowitz. Pas autant que Arthur Conan Doyle, qui en plus d'avoir créé le meilleur duo de détectives de tous les temps a eu le bon goût de porter le même prénom que moi, mais je l'aime bien quand même ce vieil Anthony: j'ai grandi avec les aventures des frères Diamond et d'Alex Rider. Alors quand Horowitz a écrit une "suite" aux aventures de Holmes et Watson, "La Maison de la Soie", je me suis jeté dessus, et je n'ai pas été déçu. Alors (bis) quand Horowitz a écrit une "suite" à sa "suite", sobrement intitulée "Moriarty", je me suis aussi jeté dessus. Grossière erreur.

Déjà, ça commençait mal: le début du roman nous projette directement aux Chutes de Reichenbach, lieu de l'affrontement final entre Holmes et Moriarty, au terme duquel les deux trouvent la mort. Sauf qu'en fait, comme chacun sait, Holmes revient trois ans après en pleine forme de son petit tour du monde et surprend Watson, à qui il n'avait même pas eu la présence d'esprit d'envoyer une carte postale. J'ai tendance à me méfier des romans qui commencent comme ça, parce qu'on a écrit tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi) sur ces 3 ans où le plus grand des détectives a disparu. Mais ici, que dalle! De Holmes il ne sera presque pas question: on commence avec un détective américain qui vient reconnaître le corps de Moriarty, car celui-ci aurait été en contact, avant sa mort, avec un méchant encore plus méchant venu du Nouveau Monde.

D'ailleurs, pour bien nous montrer que ce méchant est encore plus méchant, on va avoir droit, durant l'enquête, à TOUS les clichés du genre: le méchant difforme affublé d'une maladie bizarre, les hommes de mains jumeaux, l'enlèvement de la fille d'un des gentils et la restitution de l'otage dans un cimetière abandonné, la séance de torture dans une chambre froide, les malfrats londoniens qui ont encore plus peur que quand c'était "le bon vieux temps où Moriarty était là", j'en passe et des meilleures. À ce niveau-là de la surenchère, ce n'est plus Sherlock Holmes, c'est James Bond. Voire Naruto Shippuden.

Mais le problème majeur n'est pas là. Tout comme "Léviatemps", de Maxime Chattam, que j'ai aussi critiqué (http://www.senscritique.com/livre/Leviatemps/critique/38330141), "Moriarty" réussit le double exploit d'être à la fois bourré d'action et ennuyeux, prévisible et invraisemblable. C'est bien simple, on voit venir le final à des kilomètres, mais on prie pour qu'on se trompe, parce que ce serait VRAIMENT trop gros. Eh bien, manque de bol, on ne se trompe pas.

Donc, autant "La Maison de la Soie" était un bon (même un très bon) pastiche holmésien, autant "Moriarty" aurait dû rester dans les coffres magiques de la banque Cox and Co, où sont entreposées toutes les histoires possibles et imaginables sur le détective. Enfin bon, j'ai entendu dire que Horowitz arrêtait de se prendre pour Doyle...


Maintenant, il a prévu d'écrire un "James Bond".
Ruhenheim
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le 27 nov. 2014

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Ruhenheim

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