Étrange livre que ce Mother London !


L'auteur, Michael Moorcock, est réputé pour sa fantasy, on lui doit notamment Elric, anti-héros par excellence.
Moorcock est un auteur très, très ambitieux. Sa prose, même celle qu'il a rédigé (de son propre aveu) pour bouffer, contient toujours des sens, des références cachés. Mais ça ne lui suffit pas. Non, Moorcock veut être reconnu comme un véritable écrivain, qui fait de la Littérature avec un grand L. C'est ainsi que naîtra Mother London, cet OVNI dans l'œuvre du monsieur.


Ce roman casse délibérément les codes : les chapitres se succèdent sans lien narratif apparent, dans le désordre chronologique. Plusieurs personnages sont développés, qu'on rencontrera à différents moments de leur vie. Certains se rencontreront, d'autres pas. En vérité, la seule histoire que nous raconte Moorcock dans ce livre, c'est celle de sa ville, Londres, ville qu'il connaît mieux que personne.


Si les personnages sont fictifs, leur cadre de vie en effet est bien réel, avec notamment le Blitz (bombardement allemand durant la Seconde Guerre Mondiale), sur lequel Moorcock revient souvent.


Ainsi, s'il n'y a pas de progression narrative ou chronologique, c'est Londres qui assure la cohésion du roman, et elle le fait bien. Le lecteur sera décontenancé au début, puis s'attachera à ces personnages qui sont autant de projections de l'auteur : fous, clochards et rockers, il suivra leurs aventures avec délectation, grâce à la beauté de l'écriture de Moorcock, qui se surpasse dans ce qu'il a voulu le chef d'œuvre de sa vie. On retient notamment l'excentrique Josef Kiss, ou la folle réveillée de son coma, Mary Gasalee, personnages d'une humanité étonnante.
Facétieux, Michael Moorcock n'a pas pu s'empêcher d'ajouter une dose de fantastique à son roman, mais ce n'est clairement pas le thème principal ici.


Il faut lire ce roman simplement parce qu'il réussit le tour de force de nous intéresser pendant 500 pages sans histoire ou chronologie cohérente, et à garder pourtant le nom de "roman". Car on découvre au long de ce roman la fabuleuse histoire d'amour qui lie l'auteur et sa ville, Londres. C'est elle qui a le beau rôle dans ce roman, qui l'explore de long en large, à la fois dans ses dimensions temporelles et spatiales. Certes, il ne faut pas s'attendre à du Elric ou du Ërekosé, car ici Moorcock joue dans une autre cour. Mais les littéraires apprécieront.

Nordkapp
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le 28 déc. 2012

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