Ce court roman (139 pages) de l’Américaine Jessica Anthony présente un couple d’américains moyens, Kathleen et Virgil. Mariés depuis une dizaine d’années, ils ont deux enfants, des garçons. Nous sommes le 3 novembre 1957, jour du lancement de Spoutnik 2, satellite russe officialisant la première mise sur orbite d’un animal, la chienne Laïka qui, malheureusement, périt au cours du vol. Ce jour-là, parce qu’il fait une chaleur étonnante, Kathleen décide de profiter enfin de la piscine qui s’offre à leurs yeux depuis les fenêtres de leur appartement et que personne n’utilise, on se demande pourquoi. S’y trouvant tellement bien, elle refuse d’en sortir.


Bien évidemment, l’attitude de Kathleen s’avère significative. Au-delà du symbole de bouderie en rapport avec le fait que le jour symbolise un échec américain, Kathleen éprouve le besoin de faire une pause pour faire le point sur sa vie : un autre échec ? A vrai dire, la situation incite également Virgil à réfléchir. Ainsi, le roman alterne les points de vue, ce qui nous permet de découvrir l’histoire personnelle des deux époux. En apparence banale, leur situation du moment est la résultante de pas mal de faits. On réalise donc que ces deux-là ont beau former un couple apparemment sans histoire, ce couple tient malgré de nombreux non-dits et se trouve à un moment clé où tout peut basculer. S’ils se dévoilent enfin pour de bon, leur amour pourrait s’en trouver renforcé comme jamais. Mais s’ils n’y parviennent pas, leur couple peut aussi voler en éclats. Et il s’avère que chacun des deux a ses secrets...


A vrai dire, j’ai trouvé ce roman un peu léger. Qu’il se lise bien, c’est une chose. Mais la situation de départ n’est pas aussi radicale que ce à quoi on pourrait s’attendre, car Kathleen ne s’éternisera certainement pas dans la piscine où elle ne fait pas grand-chose à part réfléchir. Et puis, le choix de la date précise pour l’action n’apporte pas grand-chose, la brièveté du roman limitant tout ce qui permettrait de profiter de l’ambiance de l’époque. Le point le plus intéressant est sans doute de montrer la banalité de la vie de ce couple, leur rencontre et les raisons qui les ont poussés à se marier. C’est de ce côté que Jessica Anthony trouve matière à creuser. Cela montre qu’un individu, quel qu’il soit, se contente difficilement d’une vie passe-partout. D’ailleurs, l’attitude de l’ainé des garçons est significative à cet égard. A ce propos, la narration s’avère légèrement ambigüe, car il faut attendre un bon moment avant qu’on puisse lever un doute : non, il ne s’agit pas de jumeaux.


La présentation éditeur sur la quatrième de couverture indique que « Jessica Anthony a été bouchère en Alaska, masseuse en Pologne et secrétaire à San Francisco avant de se lancer avec succès dans l’écriture. Nage libre est son quatrième ouvrage publié. » Son parcours est à mettre en parallèle avec ce qu’elle fait sentir ici, un besoin de fuir un avenir trop balisé. Malheureusement, les secrets de ses personnages relèvent du même domaine, comme si elle manquait un peu d’imagination.

Electron
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le 16 mars 2025

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