Née Gloria Jean Watkins en 1952 à Hopkinsville, Kentucky, bell hooks (nom de plume voulu sans majuscules dans un geste d’effacement personnel au profit des idées) grandit dans une famille nombreuse et dysfonctionnelle, au cœur d’une communauté afro-américaine dans un état où la ségrégation s’appliquait. Pauvre, noire et de sexe féminin, son enfance a eu un profond impact sur son développement personnel dont la conséquence première aura été de nourrir son engagement pour le mouvement black feminism.
Dans cette première partie de son autobiographie, elle nous raconte son enfance au travers des souvenirs qui l’ont marqué ou ont forgé son caractère rebelle. Histoires courtes, récits photographiques, ces soixante-et-un chapitres sont autant d’images d’une culture noire des états du sud qui tracent le portrait d’une enfant qui n’aura de cesse de refuser se plier aux conventions sociales qui imposent aux filles le mariage et la soumission.
L’autrice raconte en toute intimité la solitude profonde qui l’habita dès le plus jeune âge. Toujours trop ou pas assez quelque chose aux yeux de sa famille, ses parents la punissaient régulièrement, et son frère et ses cinq sœurs semblaient prendre plaisir à l’humilier pour bien marquer la frontière entre eux et elle, l’enfant qui trouvait refuge dans la lecture, rêvant de liberté et d’émancipation.
Au fil des épisodes, bell hooks s’interroge sur les différences liées à la couleur de la peau mais aussi celles liées au genre, ne comprenant pas toujours avec son regard d’enfant que certaines choses peuvent être autorisées ou interdites, glorieuses ou honteuses selon ces paramètres qui lui paraissent rapidement arbitraires.
Ecrit d’une plume sincère et touchante, Noir d’os est l’histoire d’une enfance dans l’Amérique ségrégationniste qui dessine le portrait d’une enfant puis adolescente de couleur qui cherche sa place dans un monde qui semble la rejeter. Je suis impatiente de lire la suite, intitulée Rouge feu.