Celui qui aurait pu être Potter

Numéro deux de David Foenkinos relate l'histoire de Martin Hill, un jeune garçon de dix ans, qui, un peu par hasard, se retrouve à auditionner pour le rôle du célèbre sorcier de Poudlard : Harry Potter. Ils finissent par ne plus qu'être deux : lui, et un certain Daniel Radcliffe. Ce roman raconte l'histoire de celui qui n'a pas été choisi.

Foenkinos introduit ce livre avec l'histoire de John, un anglais qui se rend au concert de The Cure, qui rêve d'être le mystérieux garçon au fond de la salle, qui enchaîne les bières. Pourtant, il est plutôt le garçon qui tourne au soda aux agrumes. Il va rencontrer Jeanne, une jeune française qui a quitté le pays de Molière pour travailler comme fille au pair à Londres. Très vite, ils vont tomber amoureux, se marier et avoir un enfant, Martin. Pourtant, leur histoire va prendre l'eau. Martin va se retrouver à vivre avec son père.

La détresse dans laquelle John se trouve après son divorce est palpable. Il est prêt à tout pour reprendre sa vie d'avant. Il va travailler comme accessoiriste sur les plateaux de tournages, quitte à délaisser son fils. Un jour, il va décider d'emmener Martin sur le plateau de Coup de foudre à Notting Hill, où Martin, va faire la rencontre du grand producteur britannique, David Heyman. Celui qui a été mis sur le coup pour adapter la sage littéraire de Rowling, va être perturbé par sa rencontre avec le jeune Martin. De ses cheveux corbeau à ses lunettes rondes, ce gamin est Harry Potter en personne. Il va alors lui proposer de passer un audition.

La relation entre le père et le fils va se renforcer autour d'Harry Potter. John va s'improviser professeur de théâtre et impresario lors de l'audition de son fils. Pour son plus grand malheur, Martin ne va pas être retenu. Comment se remettre d'un échec aussi cuisant ? Celui qui aurait pu changer tout le cours de notre vie ? Nous propulser au rang de star planétaire ?

L'immersion au sein des émotions de Martin est bouleversante. On est plongé avec lui dans ses crises d'angoisses lorsqu'il voit un de ces livres maudits dans la vitrine d'une librairie, ou qu'il manque l'école pendant deux semaines qui suit la sortie d'un nouveau volet au cinéma pour éviter dans parler. Faire le deuil de l'échec alors que la planète entière en parle ? Comment y arriver ?

Ce roman est une ode brillante pour parler de l'échec et la façon de le surmonter. Comme le dit si bien Sophie : "On vit aujourd'hui sous la dictature du bonheur des autres. Ou, en tout cas, leur prétendu bonheur". Cette phrase m'a directement fait penser aux réseaux sociaux. Combien parmi nous passons notre temps à exposer les photos de nos dernières vacances ? Ou de la réussite de notre diplôme, alors que certains ont d'énormes difficultés à réussir ? Combien d'entre nous sommes jaloux/jalouses de voir un homme ou une femme avec un corps jugé parfait par notre société matérialistes ? Ou d'envier une personne parce qu'elle est mariée ? Je pense, dans le fond, que Foenkinos a voulu dénoncer notre société, qui passe son temps à glorifier les réussites et dénigrer les échecs. Pourtant, n'apprenons-nous pas plus de nos erreurs ? Ne nous donnent-t-elles pas plus de forces que les réussites ?