Octomes par SebastienTalvas

Je me suis procuré dernièrement le dernier ouvrage de Pierre Raufast avec l'espoir d'y retrouver le souffle de sa Trilogie baryonique. Peine perdu! On se trouve devant un livre fourre-tout où on retrouve un héros prénommé Adam voué à devenir une sorte de messie. Quant à son "Eve", elle est éjectée d'une pichenette à la fin du livre à une vitesse astronomique. Le thème biblique est criant et me dérange même si le dieu-créateur est une intelligence artificielle, machiavélique et meurtrière prénommée l'Esprit.

Tout commence par une description brouillonne d'un accident d'Orca voué à faire une sorte de bond temporel. Je suis surpris quand on pense à la maîtrise dont a fait montre l'auteur dans sa trilogie baryonique pour décrire la tension sous-jacente liée à de tels faits. On ne comprend pas bien comment notre "héros" sur lequel plane un "deus ex machina" dont il est la marionnette se retrouve 700 ans dans le futur à découvrir une Terre dominée par une nouvelle espèce vivante, les Octomes. N'y aurait il pas là par hasard l'influence de La planète des singes (les films). Les Octomes, comme les grands singes, prennent la place de l'homme (volontairement en minuscule) après avoir été l'objet de manipulations génétiques.

J'ai l'impression que ce livre a été écrit à une vitesse supraluminique. Quel intérêt d'aller dans l'avenir pour étudier une espèce conçue par l'homme tout en sachant que cette création est problématique? Pourquoi la concevoir alors? Je ne comprends pas l'objet de cette quête. N'hésitez pas à éclairer ma lanterne.

On sent chez l'auteur comme une écriture au fil de ses lectures et des visionnages de film. Les humains sont devenus des sortes d'Elois, comme dans la machine à explorer le temps de H.G. Wells, attendant d'être "dévoré" pas des femelles Octomes aux appâts semble-t'il avantageux. Une histoire d'amour entre Adam et une Octome aurait pu épicer et relancer l'histoire, mais rien de rien. D'ailleurs, que se passe-t'il, je trouve que Pierre Raufast s'évertue à avoir un regard négatif sur la gente féminine, avec pour seul fonction d'attirer le mâle entre ses cuisses... Désolé je m'emporte mais sachant que l'auteur a pour principal écrivain de référence "le bon docteur" (qui n'était pas si bon en définitive), je pense au personnage de Joie dans Fondation.

A vouloir aller dans tous les sens, l'auteur se perd à mon humble avis. On passe ainsi d'un space-opera à un livre décrivant les arcanes politiques d'une humanité en déliquescence pour terminer sur un exode non des machines comme dans le très bon Mars Express, mais sur celui d'une humanité moribonde. J'en attendais beaucoup mieux. Et quant à la pichenette de la fin, elle me reste en travers. ou alors l'humanité est vouée à disparaître car sans son "Eve", pas de salut même si je préfère Lilith... mais je m'égare.

Déçu, déçu, déçu...

Peut-être qu'avec du recul, c'est pourquoi j'ai noté 3 étoiles...