Vaut mieux l’avoir en peinture (ou en livre) que chez soi

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Le texte :


Johann Zarca n’y va pas avec le dos de la cuillère. Kevin, son personnage, 11 ans, une entrée au collège à reculons, est un garçon violent et colérique. Ces accès d’humeur violente et colérique s’expriment sur toutes les personnes de son entourage : au premier rang desquelles sa famille (le grand frère plutôt dénigré et ignoré, les petites sœurs qui l’énervent, la mère qui cède sur tout), ses copains de classe et aussi accessoirement voisins de quartier, ses profs… les voisins, passants et autres SDF ne sont pas en reste et subissent aussi la haine et la rage de Kevin.


Mais des garçons colériques et/ou violents, on en a tous vu, si on n’en a pas soi-même… sans pour autant que ces excès atteignent ceux de Kevin. Ce dernier a d’ailleurs la tâche largement facilitée par le renoncement total de sa mère : isolée, le père absent (il n’en est même jamais question, nulle part, à aucun moment), dépressive, noyée sous le travail et l’éducation de ses enfants, Francine est dépassée par tout ce qui constitue sa vie.


Ce renoncement n’explique pas les attitudes outrancières de Kevin mais sont le terreau où elles s’épanouissent. A cette rage qui habite Kevin, Johann Zarca ajoute la véritable source de terreur de son court roman : la profonde et réelle méchanceté du garçon qui le rend totalement responsable, malgré les débuts de chapitres qui évoquent de mystérieuses ombres qui inquiètent Kevin, malgré l’orgie de violence et de sexe qu’il ingurgite sur internet au vu et au su des membres de sa famille qui détournent honteusement le regard et se taisent.


Contrairement à certains protagonistes qui cherchent des excuses à Kevin, le lecteur qui en chercherait et qui irait jusqu’à en trouver me semblerait pour le moins représenter un danger pour de potentiels enfants qu’il aurait à éduquer. On cerne assez rapidement et facilement les tenants et les aboutissants du caractère psychologique de Kevin. La question de savoir jusqu’où Kevin est capable d’aller se résout aussi très rapidement. Non, finalement, la seule question est de savoir jusqu’où Johann Zarca ira avec son personnage dans l’expression et la démonstration devant le lecteur de ce dont est capable son personnage.


La personnalité de Johann Zarca, a.k.a. Le mec de l’underground, ne pouvait que pousser le bouchon un peu loin, Kevin, et aller jusqu’au bout du bout du bout, sans concession. Un p’tit monde de noirceur à ne pas mettre en toutes les mains, enfin, surtout celles des enfants.

Ga_Roupe
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le 26 janv. 2017

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Ga Roupe

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