Je m'attendais à un livre un peu plus "coup de poing", mais le style manque vraiment de force, de rage, de violence. Les scènes sont là, dites, mais peu décrites de l'intérieur. Iceberg Slim, depuis le début du livre, veut dénoncer ce monde tout en racontant étape par étape l'ascension et la chute de son personnage (lui-même). Du coup, y'a cet entre-deux qui ne va jamais jusqu'au bout, cette froideur du personnage qu'il se crée lui-même qui lutte avec l'envie de donner un regard qui juge. Et du coup... ça manque de tripes j'ai trouvé.
Je m'attendais à quelque chose comme du Hubert Selby Junior, finalement non.
Il n'y a rien de la lutte intérieure du gars qui doit gérer son image et ce qu'il est réellement, le contrôle de soi, la pression de la société sur lui. Les meilleurs moments sont ceux où il est réellement confronté à des gens qui lui font peur, et qui lui permettent d'avancer vers sa réussite sociale et mentale. Devenir cet être glacial qui n'a peur de rien.
Intéressant à lire pour la découverte de ce monde crasseux de la prostitution dans les années 40-60, de ce pouvoir que tiraient les macs noirs sur le monde propret des blancs grâce au sexe. Pour le rapport qu'entretenaient les putes avec leur mac : entre amour-passion, admiration, et trouille bleue pimentée d'une colère profonde et d'un esprit vengeur.
Mais trop d'éléments qui se répètent, sans grande surprise (Iceberg Slim qui doit faire et refaire sans arrêt son écurie - les moments avec le grand mac Sweet, son mentor, des discours qui se recoupent sans cesse...), et trop de choses qui sont survolées, vues de loin, avec toute la distance du personnage principal. Tout est objet et moyen d'arriver à vivre dans le luxe. Malheureusement, ce livre aussi sonne un peu comme ça. Sans âme. Trop protégé. Trop peu le nez dedans.
Un peu déçue.