Avec Premier sang, Amélie Nothomb rend hommage à son père Patrick, diplomate belge disparu au début du premier confinement. Une fois n'est pas coutume, j'ai beaucoup aimé ce roman, le plus autobiographique de ceux que j'ai lus (pas beaucoup !) de cette auteure. Beaucoup aimé d'abord parce que le récit de l'enfance de Patrick Nothomb est assez fascinant : une mère qui le rejette, des vacances à la dure dans un "château faible", une tripotée d'oncles et tantes qui tiennent plus de la horde de Huns que de la bande d'enfants. Comme souvent dans les romans d'Amélie Nothomb, on est d'emblée emporté par l'histoire, même si je lui ferai cette année encore le même reproche : les personnages auraient gagné à être plus étoffés, le récit plus développé. Beaucoup aimé ensuite pour l'habile construction du roman : le récit de l'enfance de son père tient tout entier dans les quelques secondes qui précèdent le tir du peloton d'exécution face auquel se trouve Patrick Nothomb en ce jour de 1964, pendant la prise d'otages au Congo. L'auteure excelle à rendre compte des sensations décuplées par l'imminence de la mort, du temps comme suspendu. Beaucoup aimé enfin pour le sens de la formule dont fait preuve Amélie Nothomb :
Ne jamais tomber amoureux d'une femme sans l'avoir vue fâchée
Mourir est une tradition familiale
Je n'aurais jamais cru écrire cela, mais je pense que ce roman fera partie de mes coups de coeur pour cette rentrée littéraire 2021.