Le talent ? Je l'ai mangé puis j'ai fait des pâtes au beurre.

Pour être honnête on m'avait jamais rien dit de très bon sur ce M. Feist; pourtant je vois qu'il vend et qu'il publie (peut-être un peu trop d'ailleurs), alors je me dis qu'en tant que lecteur avide de fantasy je ne peux passer outre et je m'y met avec ce livre trouvé pour pas cher en occasion.


La quatrième de couverture nous dis avec une subtilité de boucher qu'on aura à faire à une intrigue politique avec deux princes envoyés comme représentants à l'étranger et qu'il va leur arriver quelques merdes. En plus de cela, une mention spéciale pour l'illustrateur de cette édition qui a lui seul rebute probablement bien des lecteurs potentiels. Mais je suis méchant, ce pauvre Feist n'y peut rien si on lui à collé un illustrateur manchot.


Alors pour parler du livre lui même je vais essayer, point par point, d'exprimer ce qui m'a tant déranger:



  • En premier lieu, car c'est évidemment le plus important quand on se dit auteur, l'écriture elle même. Feist n'a manifestement aucun talent dans ce domaine et ne tente même pas de combler ce manque de talent par un soupçon d'originalité dans le style. Rien. A vrai dire je me suis réellement dit que n'importe quel scribouillard pouvait faire pareil ou mieux. On enchaîne les phrases plates, sans couleurs ou formes, elles se succèdent comme les lentilles dans mon assiettes, sans vrai liant (et encore mes lentilles paraissent plus solidaires...). Parfois, mais c'est bien rare, on a le droit à quelques fulgurances, comme si le bonhomme s'était dit "Ah là ce serait cool que je réfléchisse un poil à ce que je vais écrire pour faire une petite phrase jolie". Et encore quand je dis fulgurance c'est relatif au reste du bouquin... Outre ce problème, qui en est déjà un de taille il me semble, notre Monsieur Feist à la fâcheuse habitude de clore ses chapitres d'une manière dégueulasse. Un chapitre c'est un mouvement au sein de l'oeuvre, il a une construction qui doit amener quelques part et cette construction doit se faire dans la forme également. Or, ici, les chapitres se terminent brutalement, sans la moindre subtilité, comme si il vous jetait le point final à la gueule.
    Bref, comme je le disais dans le titre ce cette critique, le talent il l'a mangé.


  • Maintenant on va aborder les personnages qui se baladent nonchalamment dans ce roman. Étant donné ce que je vous ai dit un peu plus haut vous le voyez venir... Oui les personnages sont creux, sans profondeur aucune et, pour beaucoup, stéréotypés (Attention je n'ai rien contre les stéréotypes bien maniés). Finalement c'est très lié au manque de talent de l'auteur. Par ce manque il se révèle incapable de nous transmettre la moindre empathie ou affection pour ses créations. Et ,de ce fait, les relations entre les personnages en deviennent souvent ridicules [SPOILER] notamment pour ce qui est des relations amoureuses avec un Erland qui tombe amoureux sans que l'on ai compris pourquoi mis à part que la dame le fait bander sévère et un James qui a le fameux "coup de foudre" accompagné d'explications mystico-débiles du magicien pour légitimer le tout. Mais aussi dans le rapport à la mort; bon ok Borric est pas content quand son frère est censé être mort mais ses actions et ses pensées le montrent peu et mal, on le sait surtout à travers les autres personnages qui disent pendant une centaine de page (pour faire bonne mesure) "Oh le pauvre garçon il est en plein tourment". Mais on fait mieux! Oui! Parce que le seul personnage auquel je me soi un peu attaché, Suli le môme des rues et fidèle serviteur, meurt bêtement d'un coup d'épée dans le bide (mort qui n'a d'ailleurs AUCUNE utilité pour l'intrigue ou l'évolution des personnages ou quoi que ce soit) et on le laisse crever là parce que c'est le dénouement alors on doit se dépêcher... Ah non pardon à la toute fin quand on le mentionne il y a une larme qui coule (BIM une phrase/une larme! Paye ton hommage...). Pour faire simple on dirait qu'ils s'en foutent correct. [FIN DU SPOILER].


  • Mais n'oublions pas que ces personnages évoluent dans un environnement, toile de fond tout aussi importante que les personnages eux-même. Alors? Riche? Original? Vous l'aurez compris rien de tout cela. On a devant nous un simple calque en dyptique de la rupture occident/orient au moyen-âge. Peu ou aucune inventivité de la part de Feist. La seule chose qu'on lui accordera c'est qu'il donne pas mal de détails parfois, mais pas toujours quand c'est utile donc la plupart du temps on s'en fout. Ces détails passent finalement bien des fois pour du remplissage malhabile. Et puis pour tout dire quand on a mangé le talent c'est difficile de faire des descriptions passionnante. Mais attendez... C'est un livre de fantasy et pas un roman historique non? Ne dites rien de plus Feist nous balance deux magiciens et fait référence de loin aux trolls et elfes et le tour est joué! La magie n'est en rien un élément constitutif de l'univers proposé.


  • Bon allez qu'on en finisse... L'intrigue. Là le mec s'est pas foulé. Mais attention il s'est VRAIMENT pas foulé le mangeur de talent: Deux pays voisins, princes en émissaires, complot dangereux, fin. Son brouillon devait à peu près ressembler à ça. Puis des complots on peut en cracher des bons je dis pas le contraire, mais là... C'est triste à en pleurer. C'est vu et re-re-re-re-re-revu milles fois; comme si j'allais chercher la recette des pâtes au beurre sur Marmiton pour faire un repas 4 étoiles à mes invités. Même les mécanismes nous permettant de comprendre peu à peu (non je déconne on comprend tout très vite) les problèmes et leurs causes sont encore une fois d'une grossièreté rare.



Alors vous allez me demander pourquoi je n'ai pas mis moins à ce livre? Parce que ça se lit. Et quand je dis ça c'est pas un compliment, quand les gens disent d'un livre "ça se lit", ça signifie pour moi que c'est passable et sans virtuosité aucune. Mais malgré les énormes défauts du livre on a pas cette envie irrépressible de fermer le bouquin à chaque page comme j'ai pu l'avoir pour L'Élégance du hérisson. On avance sans plaisir mais sans gros déplaisir non plus, sauf parfois quand il avait une petite baisse de régime, et donc on se dit " allez on va le terminer et voilà.". Feist tombe dans cet écueil malheureusement trop fréquent en fantasy qui est d'écrire un livre quelconque pour combler des lecteurs avides et peu regardants, d'utiliser des codes déjà en place sans y apporter une saveur nouvelle, sans les bouleverser, sans rien toucher... Je vous le disais, des pâtes au beurre.

Simon_Findor_Ri
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le 13 août 2015

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Simon_Findor_Ri

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