Bon.
Par où commencer ?
Le début ?
Qu'est-ce que le début d'un livre qui nous parle du Temps et de sa manipulation ?...
Allons-y :
Disons que le temps, ce serait une femme. Elle aurait un enfant, presque deux, puisqu'elle a fauté avec un mystique.
Jusque là, tout va bien.
Le problème, voyez-vous, c'est que les neuf dixièmes de l'univers sont de la paperasse. En gros. Parce qu'il faut bien contrôler, vérifier, compter, étiqueter tout ce que contient le petit dixième qui reste. Et ça fait un paquet d'informations. Un gros paquet, même.
Donc, voilà. Les contrôleurs, qui font ce que leur nom indique, sont bien embêtés. Parce que ça bouge tout le temps ces trucs vivants qui remplissent le petit dixième. Ça leur complique la tâche. Alors ils se mettent dans l'idée d'arrêter le temps. Pour pouvoir travailler tranquillement.
Seulement, si le temps s'arrête, c'est un peu la fin du monde, en quelque sorte. Et il y a des gens que ça ne réjouit pas trop, la fin du monde.
Heureusement que là-haut dans les montagnes, il y a des moines qui s'en sortent plutôt bien avec le temps. Ils l'emmagasinent dans des sortes de gros moulin à prières, et puis ils le restituent là où il y en a besoin. Concrètement ? Ils prennent du temps par exemple à l'océan. Qui va se rendre compte qu'on a pris deux-trois jours par-ci par-là à l'océan ? Une baleine, à la limite, mais bon, elle n'en fera pas grand cas...
Ce temps volé, les moines l'utilisent pour le restituer en des lieux et en des instants où il est nécessaire. Ou alors ils le gardent en réserve pour les cas d'urgence.
Bref.
Lou-tsé, un vieux moine balayeur est chargé de sauver le monde, l'air de rien. Il embarque avec lui son disciple, histoire de le former un brin.
Ils vont rencontrer tout un tas de gens intéressants, un yéti, la petite-fille de la Mort, le cinquième Cavalier de l'Apocalypse et quelques brigands qui apprendront à leur dépend la règle numéro un : toujours se méfier d'un vieux moine chauve...
Nos deux héros sauveront-ils le monde à coups de chocolats (même fourrés au nougat) ?

En ce vingt-septième volume des Annales du Disque-Monde, Terry Pratchett joue avec la notion de temps et avec notre compréhension de celle-ci. Mais loin d'être un roman métaphysique, Procrastination est un divertissement délirant, foisonnant de personnages délicieusement décalés. Toutefois, la volonté de l'auteur de mener une intrique bien ficelée nuit quelque peu à son humour habituel. On a connu Terry Pratchett bien plus drôle, avec un sens de la dérision plus affuté et un humour visuel plus efficace. Le roman n'en est pas moins d'une lecture très agréable et surprenante, et l'on rit souvent, et parfois un peu trop fort pour ne pas avoir l'air cinglé.
Évidemment, il est fortement conseillé d'avoir lu quelques-uns des premiers tomes de la série avant d'aborder celui-ci, histoire de savoir un minimum de quoi on parle, bien que les tomes ne se suivent pas et restent toujours suffisamment indépendants pour pouvoir les lire dans le désordre.
Une phrase au hasard : "Des pires mots qu'on puisse entendre dans les airs, la syllabe doublée "oh-oh" combine sans doute une terreur intestinale optimale avec un gaspillage minimal de souffle" (et à chacun sa conception du hasard).
Coucoutsky
7
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le 6 oct. 2011

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