Daïna Belice fait cette fois affaire avec la maison Boomerang pour cette nouvelle série.


Cy est une jeune fille de 12 ans, orpheline et sans domicile fixe. Dans son monde, les enjeux climatiques ont davantage dégénérés que dans le nôtre, entrainant pluies acides, incendies et autres joyeusetés, tant et si bien que les adultes occupent tout le temps à palier les effets de ce changement. Cela se fait au détriment de la génération suivante, dont fait parti Cy. C'est du moins le récit qu'elle nous livre. Cy a fugué de sa famille d'accueil, qui utilise l'argent pour se payer du luxe sur le dos de leurs pensionnaires. Elle vit seule dans un vieux bâtiment ayant un amphithéâtre et survis comme elle peut. Un jour, une étrange trace dans le ciel fonce vers Montréal, plus spécifiquement près de son bâtiment. Cy fait alors connaissance avec un étrange personnage qui débarque de nul part dans son "chez soi", un être au physique étrange et peu bavard, qui se nomme "DroK" et, vous l'aurez deviné, ne vient pas du coin.


Je reconnais avec Cy le genre de personnage qu'affectionne madame Bélice, le genre petite fille débrouillarde, verbomotrice et véritable feu d'artifice à idées. Je dois avouer avoir un faible pour ce genre de personnage moi aussi, parce qu'il y en a pas eu beaucoup dans l'histoire de la littérature jeunesse côté personnages féminins et qu'il est difficile de ne pas s'attacher aux personnages colorés comme Cy. Même sa dégaine est sympathique: Admirez la couverture! Je précise que les personnages de madame Bélice sont encore à ce jour, parmi les rares personnages féminins principaux d'ethnie noire. Enfin, je ne vois AUCUNES raisons de la part des garçons de ne pas aimer ce personnage dynamique un brin frondeuse, qui n'a rien d'une petite potiche en détresse. Même si, il fait l'avouer, elle a bien de la chance d'avoir un ami qui a des supers-pouvoirs quand les choses tournent au vinaigre.


Je ne dirais pas que ce roman révolutionne le genre, des histoires de jeunes personnages qui deviennent amis avec des monstres ou des extra-terrestres, il y en a pas mal. Toutefois, j'en ai relativement vu peu en littérature jeunesse intermédiaire québecoise. C'est rocambolesque à souhait, improbable et comme je le remarque souvent, les personnages jeunesse s'accommodent toujours assez bien de l'inattendu fantastique. Ça à le mérite d'être divertissant et le ton de Cy est dynamique, très complice avec le lecteur. Je pense que ça ira chercher, entre autre, les lecteurs justement moins friand de lectures, qui ont besoin d'un registre rapide, sans trop de descriptions, où la narration est très peu d'eux et dans un français québecois qui, s'en être familier, est teinté d'oral et d'expressions connues du Québec.


Drok, pour sa part, est amusant avec ses converses rouges et son manteau à queue de pie, gracieuseté du costumier de l'amphithéâtre. Peu bavard, pas facile d'approche, il ressemble physiquement à un Voldemort sans yeux rouges et exempte de son terrible égo mégalomane. Drok est un extra-terrestre d'une lointaine planète où il a choisi de faire un acte contre la dictature, ce qu'il paie de son exil. Il devait en principe faire profil bas sur Terre, mais avec un personnage un brin catastrophe comme Cy, la chose est plus facile à dire qu'à faire.


Les deux personnages sont plutôt seuls dans ce premier opus, avec de nombreux personnages tertiaires et un scénario vraiment très rapide. L'univers n'est donc pas spécialement complexe ni détaillé, mais il tient relativement la route - Ça m'amuse toujours dans les histoires d'extra-terrestres comment les instances terrestres sont incompétentes et que les "extra-terrestres" sont des humanoïdes qui savent parler nos langues. Commode, vraiment! ^^


Comme c'est souvent le cas avec la maison Boomerang, la police de caractère est plus grosse que la norme, avec beaucoup d'aération dans le texte. Et contrairement aux autres maisons, qui préfèrent de plus petits formats plus minces, les romans Boomerang sont généralement aussi gros que les formats de romans européens dans leur première mouture, avant de finir en version poche. Ça peut être un avantage pour certains lecteurs moins habiles, mais l'effet pervers est aussi de rendre les lecteurs dépendant de grosses polices et de textes aérés, ce qui n'aide finalement pas tant que ça à rendre les lecteurs plus habiles. Aussi, je réitère que ces romans sont couteux en papier, même de qualité moindre quand audit papier.


Dire que je suis conquise serait exagérer, par contre, j'ai désormais, je pense, assez d'expérience pour savoir que certains romans trouveront leur lectorat en dépit de ce manque d'enthousiasme de ma part. Il y a assurément de très bons points quand au personnage principal et la plume de madame Belice reste adroite malgré un scénario un peu simple et plus ou moins de détails sur l'univers. Quand au contexte, et bien, malheureusement, il est vraisemblable: On a intérêt à se bouger les fesses, autrement, on devra effectivement mettre les lampions du Chinatown sous caissons pour leur éviter les pluies acides.


Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans+. Je spécifie que ce roman peut aussi convenir aux lecteurs ayant des défis en lecture au troisième cycle primaire ( 10-12 ans) , qui règle générale, peuvent trouver les scénarios rapides, les grosses polices et la forte présence de dialogues plus commodes.

Shaynning

Écrit par

Critique lue 9 fois

Du même critique

Heartstopper
Shaynning
6

Critique de Shaynning

Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...

le 24 févr. 2023

4 j'aime

Le Réveil du dragon - Brume, tome 1
Shaynning
8

Critique de Shaynning

Incontournable BD Jeunesse Juillet 2023Quel petite pépite cette BD. Une introduction originale, un personnage principal de type témoin, une petite sorcière dont la confiance en soi n'a d'égal que ses...

le 30 juil. 2023

3 j'aime

2