J'avais vraiment très envie de lire Réparer les vivants. Le pitch me plaisait beaucoup, et j'ai immédiatement accroché au titre, que je trouve très beau. Je sors de ce livre plutôt confuse, mon sentiment est mitigé.

Tout d'abord, il faut savoir que je n'ai pas dû me battre mais presque pour avoir ce livre. Ma collègue n'était pas convaincue de vouloir le commander pour la librairie, j'ai donc argumenté pour avoir gain de cause. Argumentation erronée par ma mémoire, j'en ai peur, un peu défaillante. L'an dernier, j'avais lu Tangente vers l'Est, et il me semblait en avoir un souvenir plutôt bon, sur lequel je me suis basée pour convaincre ma collègue. Et puis j'ai relu la critique que j'en avais faite sur SC. Persuadée que je pouvais faire confiance à mémoire, j'ai cru que j'avais été sévère sur le moment... Or, j'ai retrouvé dans Réparer les vivants les défauts qui m'avaient déjà bien ennuyée dans Tangente vers l'Est. Une deuxième chance ratée en somme.
Il y a quelques chose qui m'a profondément énervée, c'est le vocabulaire. Il y a même un moment où je me suis demandée si c'était moi qui était stupide où si l'auteur le faisait exprès. Elle utilise constamment des mots compliqués, et là je ne parle pas du jargon médical très spécifique, qui est souvent bien plus naturel que certains termes qu'elle utilise. Bien sûr, on comprend le sens global de la phrase en y réfléchissant un peu, mais qui a envie de lire un roman s'il faut ouvrir le dictionnaire toutes les trois lignes ? J'ai trouvé ça très pédant.
Un autre chose qui m'a contrariée, c'est cette volonté d'introduire des anglicismes un peu partout. Des phrases en anglais qui n'ont rien à faire là, comme un mélange, parfaitement inutile, entre une intrigue tout ce qu'il y a de plus français, à des mots, des expressions américaines, qui semblent déplacées dans la bouche des personnages. Il aurait fallu choisir entre les deux à ce niveau là.
Et enfin, ce qui m'avait déjà frappée dans Tangente vers l'Est, et qui est sans doute une marque de son style, l'impression de rapidité de l'écriture. Bien sûr, l'histoire se déroule sur un laps de temps très court, vingt-quatre heures, mais on sent une écriture pressée. On n'a jamais le temps de souffler. Et ce qui ajoute à cette impression, ce qui m'a le plus dérangée, c'est le fait que Maylis de Kerangal soit dans la répétition : elle utilise des synonymes sur des lignes entière, dans la même phrase, pour décrire une seule chose, en bref elle accumule. C'est à croire qu'elle est payée à la ligne. Cela rend les descriptions laborieuses, et sans grand intérêt.

Mais malgré ces défauts de forme, qui n'en sont pas pour ceux qui apprécient ce style, j'ai su apprécier le fond. Comme je l'ai déjà dit, le pitch m'a plu d'emblée, et je n'ai pas été déçue de ce côté là. Les personnages sont tous intéressants à leur manière, qu'on les aime ou pas. J'ai aimé ce côté "roman choral", qui laisse la place à tous les points de vue, car chacun à son importance, à sa manière, dans cette intervention. C'est une tragédie pour certains, une nouvelle chance, mêlée d'un sentiment de culpabilité pour d'autres, ou encore une manière d'asseoir un triomphe professionnel. Chacun vit l'événement à sa manière, et l'on peut être plus ou moins touché, mais l'on n'a jamais envie de juger ces personnages, ni en bien ni en mal. On assiste à un fait : la mort d'un jeune homme de dix-neuf ans, le don de ses organes, et l'on est spectateur impuissant, autant que l'est chacun des personnages de cette histoire, définitivement très belle.
marquise
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le 19 mars 2014

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marquise

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