La vie de Rose Daniels se passe bien, si l’on exclut le fait que son mari, l’officier de police Norman Daniels, la bat et la violente avec sadisme et détermination. Au bout de quatorze ans de mariage, sa vie ne tient qu’à un fil que la moindre contrariété de Norman peut rompre. Dès lors, il ne lui reste qu’une solution : la fuite. Décidée à mettre le plus de distance possible entre elle et Norman, elle part s’installer dans une autre ville. Et c’est alors qu’elle est recueilli par une association venant au secours des femmes en détresse qu’elle va rencontrer un bien étrange tableau, celui de Rose Madder. Et d’aide, elle en aura furieusement besoin lorsque son mari se met en tête de récupérer ce qui lui appartient de droit : la vie de sa femme.
Si l’on retrouve ici la patte de Stephen King dans le traitement fantastique et angoissant du monde parallèle de Rose Madder, c’est surtout sa description de l’horreur quotidienne que vivent les personnes battues par leurs conjoints qui donne tout son intérêt au roman. A tel point que les incursions dans le monde du tableau en deviendrait quasiment superflues. Le roman met d’ailleurs assez longtemps à se mettre en branle de ce côté-là, et rien de particulièrement fantastique ne se déroule au cours des deux cent premières pages. Et encore, on y trouve alors que des métaphores sur la culpabilité, le désir d’oubli, la peu, la résignation. Finalement, ce qui fait réellement peur provient de la mécanique d’alternance de points de vue entre la redécouverte de la vie par la douce et inoffensive Rosie et la traque sans pitié du monstre qu’est Norman, de ces moments où ils se croisent presque, o ils s’éloignent l’un de l’autre avant de se rapprocher dangereusement.
Objectivement, ça n’est pas mon Stephen King favori, même si sa lecture reste agréable. L’intrigue met en effet un peu trop de temps à se mettre en route, et je n’ai que moyennement apprécié l’aspect fantastique du monde de Rose Madder, à l’inverse de la traque de Norman qui, une fois mise en place, se révèle assez percutante.