Ca y est. J'ai enfin sauté le pas. Après avoir passé environ quinze ans à entretenir une relation à distance avec Stephen King, ne regardant que les adaptations de ses oeuvres et résistant à l'appel de ses livres, je me suis lancée.
Salem fut le plus coriace de ses écrits, me scrutant depuis des années, croisant mon regard à chaque fois que je consultait ma bibliothèque pour y choisir un nouveau livre.
Sans grande conviction, comme résignée, c'est donc ce livre qui devait me faire découvrir monsieur King dont les talents de raconteur d'histoire ne sont plus un secret pour personne.


Je tâte le livre et ses pages jaunies par le temps filent entre mes doigts. Il émane de lui la bonne odeur des vieux bouquins qui ont suivit l'itinéraire de plusieurs propriétaires dans la même famille.
Tout cela me semble être bon signe.


Et de fait, le signe était réellement bon.


Sitôt la dixième page tournée, je me suis retrouvée absorbé par le livre et seul le travail et la fatigue pouvaient me forcer à le poser.


Comme les adaptations de ses oeuvres le laissait supposer, King est un homme qui prend son temps et soigne le rythme de sa narration tout autant que son histoire.


Nous prenons donc le temps avec lui de découvrir Jerusalem's lot, sa faune locale, ses avenues principales et son mode de fonctionnement.
Les rappels en direction de Marsten House sont une ombre qui s'installe lentement mais sûrement, et alors que les commérages et les petits tracas quotidiens de la ville nous ancrent dans sa tranquillité et sa simplicité, que nous sommes à l'aise et que nous prendrions bien une bière devant un barbecue, les choses sérieuses peuvent commencer.


Encore une fois, comme je le supposais (et l'espérais), les catastrophes n'arrivent pas de but en blanc, en cascade, sans prévenir.
La menace est sous jacente, puis devient de plus en plus grande.
Les petits mystères font place aux coïncidences qui deviennent trop lourdes à supporter.
Ainsi, à mesure que le roman se déroule, le fantastique et l'horreur ne s'imposent pas à nous d'emblée : nous avons les clés en main, les réflexions logiques des personnages, leurs craintes et le cheminement de pensée menant à ces conclusions horrifiques.
À l'instar des personnages, King nous laisse la liberté de ne pas y croire immédiatement. Comme Ben, comme Susan et les autres, nous avons la possibilité de chercher la solution ailleurs jusqu'à ce que, comme à eux, l'évidence se fasse voir d'elle même.


Seul deux points, je l'admet, m'ont un peu déçus. La décision prise par Susan au moment de sa rencontre avec Mark. Quoi, elle s'y prend comme cela ? Sérieusement ? Sa pensée aurait put être un peu plus développée tout de même. Sans dire que l'idée est mauvaise - loin de là - je n'aurai pas craché sur quelques lignes supplémentaires.
Ensuite, le type de recherches effectuées par Matt. Bien entendu, on ne s'attend pas à trouver des ouvrages ésotériques complets et sérieux dans une petite bibliothèque de cambrousse. Mais quand même ! Faire louper un ou deux détails de la mythologie cinématographique n'aurait pas fait de mal et aurait apporté, au contraire, une touche de suspens et de crainte supplémentaire.


Cela dit, je cherche quand même la petite bête. C'est que lorsque l'on s'attèle à la lecture d'un auteur aussi reconnut, on à toujours l'appréhension d'être déçu. Et au risque de me répéter, je ne le suis pas.
L'histoire est bien trouvée quoi que simple, les personnages nous sont bien familiers et l'on s'y attache, le rythme est parfait.
À vrai dire, depuis quelques mois le film trainait chez moi sans que je parvienne à en dépasser le générique de début, mais je crois que mon programme de ce soir est tout vu.


En espérant que le reste des oeuvres de King tienne les promesses faites par cette première lecture, je sens qu'elle ne sera pas la dernière et recommande Salem à ceux qui sont encore étranger à King.


Note aux futurs lecteurs : ceci est la critique du premier Salem's lot. Une réédition bien plus étoffée et que je compte bien lire est facilement trouvable et doit probablement pâlier aux petits défauts de ce livre.

Créée

le 29 juin 2015

Critique lue 472 fois

3 j'aime

Gaby Aisthé

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