Sans un mot
6.9
Sans un mot

livre de Harlan Coben (2008)

J'ai beau avoir lu plusieurs romans d'Harlan Coben, son style me laisse toujours assez perplexe. D'un côté, j'apprécie son sens du rythme et sa capacité à pondre des histoires à intrigues multiples, où tout finit par s'imbriquer comme par magie dans les dernières pages du livre. Mais à côté de ça, quelque chose me dérange dans sa façon d'écrire : je trouve ses personnages souvent très lisses et manichéens, et je n'apprécie guère son style finalement assez pauvre sur le plan purement littéraire. Oui, ça se lit vite et facilement, mais à la différence d'un Michael Connelly, son écriture manque cruellement de génie.

"Sans un mot", comme la plupart de ses polars, parle d'une "mystérieuse" disparition. Des parents bienveillants (mais trop curieux) vont partir à la recherche de leur fils de 15 ans, et tomber des nues au fur et à mesure de leurs découvertes… Parallèlement à cette intrigue principale où se mêlent drogues légales et nouvelles technologies d'espionnage, Coben nous présente divers personnages plus ou moins intéressants (de la famille, des collègues, des flics, et un professeur dénué de tact qui s'est allègrement moqué de la pilosité faciale d'une préadolescente…). Le plus captivant de tous reste évidemment l'inévitable méchant de l'histoire : ce justicier moderne qui prend plaisir à défigurer les femmes avec ses poings a quelque chose d'effrayant lors de ses premières apparitions, mais les explications à l'eau de rose expliquant ses gestes le rendront finalement bien peu crédible.

Dans le merveilleux monde d'Harlan Coben, toutes les femmes sont belles à en tomber à la renverse (Susan Loriman, Rosemary McDevitt, Reba Cordova, Marianne Gillespie), et les enfants aux airs angéliques ne sont pas aussi innocents qu'ils en ont l'air… Par moments, l'auteur divague et nous livre diverses réflexions métaphysiques sur la place de l'Homme et des dinosaures dans l'histoire du Monde, sur le devenir des cadavres après la mort, ou encore sur le système éducatif américain où tous les enfants sont soi-disant "uniques" et "exceptionnels". Comme atteint d'une crise existentielle, Coben semble également partagé entre les joies simples de la vie de famille, et un désir de liberté absolue sans la moindre attache familiale (ça fera plaisir à ses gosses et à sa femme !)

Dans son ensemble, "Sans un mot" ne m'a pas déplu, loin de là, mais les ficelles de l'auteur sont un peu trop grosses, et cela commence à se voir. En effet, outre le fait que le sujet soit encore une fois une histoire de disparition et que le twist final soit hautement improbable, la construction du roman en courts chapitres où l'on passe systématiquement d'un personnage à l'autre, avec un bon gros cliffhanger dans les dernières lignes, finit par frustrer le lecteur plus qu'autre chose : on n'est pas dans une série télé, bon sang ! A l'avenir, j'aimerais vraiment qu'Harlan Coben se remette en question et prenne davantage de risques : qu'il soit plus ambitieux, qu'il varie les thèmes abordés, plutôt que de nous resservir encore et toujours la même (bonne) soupe à laquelle on est désormais habitué.
chtimixeur
6
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le 12 sept. 2012

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