Ce roman a été pour moi un véritable coup de coeur. L'histoire se déroule sur plusieurs périodes, et il est très intéressant de suivre les différentes évolutions de la Russie tsariste, puis de l'URSS et de la Russie post-communisme.
L'auteur parvient à provoquer des émotions fortes, sans toutefois en faire des tonnes. Les descriptions sont belles, simples mais efficaces, et l'utilisation des noms russes, des surnoms, des termes spécifiques est faite à bon escient. Nous sommes plongés dans l'univers de la Russie avec une grande facilité.
Comment ne pas s'attacher à Sashenka ? Une jeune fille forte, intelligente et convaincue d'oeuvrer pour le bien qui renie ses origines bourgeoises qu'elle méprise au profit de la révolution bolchevique. Élevée par un père aimant mais absent et une mère dépravée, elle ne se sent pas attachée à sa famille, ce que l'on peut finalement lui reprocher, car je l'ai trouvée vraiment dure avec son père, qui l'aimait vraiment du fond de son coeur. Étonnament, j'ai beaucoup aimé les personnages de Samuil (le père de Sashenka) et d'Ariadna (sa mère), et j'ai même fini par m'attacher à eux malgré la piètre description qui en est faite. J'ai trouvé beau le lien qui unissait Vania et Sashenka, ce n'était pas un amour passionel comme elle a pu ressentir pour Benia, mais c'était quelque chose de fort tout de même. En ce qui concerne Snowy et Carlo, je me suis rarement autant attachée à des enfants dans un roman. De petits détails ont rendu ces enfants uniques, que ce soit l'histoire des coussins ou des lapins, c'était touchant.
L'histoire de Sashenka est héroïque, bouleversante et tragique. La fin est d'autant plus déchirante qu'elle n'est pas écrite selon le point de vue de Sashenka, mais celui de l'historienne. Connaître le sombre destin du camarade Isatis à travers la froide description des archives du Parti est d'autant plus glaçante.
Pour le contexte, la référence à des personnages historiques connus, les personnages bien travaillés, le style de l'auteur et cette magnifique et poignante histoire, je place Sashenka en liste d'or.