L’auteur a un chien, c’est vrai et il l’a bien traité, j’en suis sûr. Pour le reste, ma conviction est qu’il voulait écrire son expérience de façon originale ; peut-être est-ce sa marque de fabrique. C’est son affaire … Mais pour moi, tant de détours, de tournures, de syncopes, de hoquets, de changements de pied, de choix de modes … Entre nous, c’est lassant à force d’inutilité !
Pire, c’est « téléphoné » … Ce sont des effets de plume, pas un style, ni une élégance. C’est lourd, et exécuté à l’évidence pour prendre le « minable » lecteur à contre-pied, en défaut ; derrière l’écriture, vous voyez pointer le gigolo : « écrire pour être lu ? C’est trop de contrainte ; nous, les auteurs, nous valons mieux que ça ; il faut qu’on nous mérite ! »
Il faut, pour suivre les artifices baroques ou les pas de côté de ce danseur de musette … peser à contre-cœur sur la touche retour-arrière de la télé-commande ; et, au total, d’une phrase à l’autre, on lit le petit livre deux fois ; pour voir à deux reprises - ou plus - la “performance” ? Bof ! Le procédé est assez malhonnête, non ? En fait, M. Jourdain a pris l’avantage sur Anatole France, mais le rire tourne court !
Certes, Ubac est un bouvier bernois attachant, tantôt joueur, tantôt farceur, tantôt simplement aimable ! Mais alors, aimable … vraiment, et à un point tel que j’ai souffert de le voir virtuellement maltraité comme ça par une main vaniteuse, prétentieuse, et manquant de générosité.
À y regarder de plus près, l’auteur voulait, peut-être par jalousie, voler la vedette à son prétendu héros, en rappelant à tout instant que c’était lui, l’auteur, qui était intéressant, et admirable n’est-ce pas ? !
Dommage, l’histoire d’Ubac valait bien d’être contée. Un 4, en plus du prix du livre, lu sur deux pistes parallèles ou croisées, genre montagnes russes, me semble quand même un peu généreux.
Aux deux tiers de l’ouvrage, toutefois, deux chapitres méritent une attention particulière : les accents d’un grand bonheur effacent les artifices et les tics de la vanité : on lit avec une émotion vraie quelques moments où l’auteur s’oublie et partage sans fard une indéniable joie de vivre avec sa petite communauté de trois chiens et deux humains. Ce vécu-là touche tous ceux qui aiment leurs compagnons jusqu’au service.
Le retour aux réflexes du montreur d’ours, prof. de sports (un bouvier bernois qui amuse les élèves sur la touche des terrains : non mais, qui prend-on pour des cruches ?), pèse lourdement sur la dernière partie qui rate chute et fin sans scrupule ; franchement, 4 c’est très généreux !