"Sortir du placard est le 14e membre de la collection "Court Toujours" aux éditions Nathan, et comme ses désormais nombreux grands frères, sa version papier vient accompagné de versions numérique et audio.

Rita a dix-sept ans et à ce jour, malgré quelques tentatives peu fructueuses, n'a pas eu de petit ami. Alors qu'elle est au bars avec sa mère - qui n'en rate jamais une en ce qui concerne de potentiels prospects comme petit ami pour sa fille- Nathalie les rejoint. Et alors que la mère de Rita fait un commentaire malaisant à propos du serveur qui aurait "regarder" sa fille, Nathalie, ami de yoga de sa mère, fait un commentaire qui va bousculer la vie de la presqu'adulte: "Peut-être qu'elle ne les aime pas? Les garçons".

On l'aura comprit au titre, c'est une sortie de placard, mais pas à l'américaine, avec trompettes, fanfare et crises de larmes hollywoodienne ( sans vouloir banaliser les vrais sortie de placard difficiles). J'apprécie justement ce petit roman pour ce traitement qui nous sort des mélodrames états-uniens, toujours "too much" et négatifs. Ici, de l'étonnement, un peu de confrontation de la part du père, qui s'imagine que sa fille a "contracté" l'homosexualité, la "faute" à son absence. Oui, bon, certes, on est pas encore au scénario parfait, mais c'est mieux qu'un rejet unilatéral. D'ailleurs, Karine, la conjointe de son père, assure que son père va "procéder doucement", donnons-lui le temps. On ne peut pas nier que certaines personnes ont encore des croyances que homosexualité est un résultat, qu'il est "causé par", au lieu d'être considéré comme un état.

J'ai trouvé mignon le passage où la grand-mère, qui visiblement souffre d’Alzheimer, laisse entendre qu'elle est gay elle-aussi. Ça me rappelle le roman "Ma vie autours d'une tasse de John Deere", dans lequel deux Étienne, de deux générations très différentes, sont gay, mais n'ont pas pu le vivre de la même manière précisément en raison de leur divergence d'époque.

Le roman n'est pas juste l'histoire d'une ado qui se découvre une potentielle homosexualité ( au début, elle tergiverse quand à son attrait pour les filles), c'est aussi l'histoire d'une mère avec sa fille. Amélie est une femme qu'on pourrait qualifiée de "Carencée affective". Elle a manqué d'attention et d'affection et cela paraitra sans doute toute sa vie. Cela affecte sa façon d'être, mais aussi sa façon de vivre sa relation avec sa fille. Mais au-delà des irritants, les deux femmes ont aussi de beaux moments de complicité, surtout quand Amélie confie à Rita qu'au fond "l'essentiel, c'est de s’accepter tel qu'on est". Vérité clichée si elle en est, elle n'en demeure pas moins pertinente et fondée.

C'est un roman léger, humoristique ( oh, joie! Du sarcasme, je ne m'en lasse pas!) et où l'homosexualité fait réagir de manière somme toute positive. C'est un petite balade dans le quotidien bousculé d'une ado étonnée, de sa mère un peu casse-pied et de leur joyeuse famille qui apprécie les débats pimentés!

Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.

Pourrait ne pas convenir aux gens agélastes* ( "réfractaires à l'humour", ben oui, ce mot existe).

Shaynning

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