Un excellent roman, qui mérite largement ses critiques dithyrambiques. C'est une histoire qui utilise la science-fiction (une membrane qui entoure la Terre, et à l'extérieure de laquelle le temps passe des millions de fois plus vite, ce qui rapproche la fin du monde a quelques décennies) comme "simple" outil, afin de voir comment la société et au centre de celle-ci le héros va pouvoir s'adapter et évoluer. Evolution qui sera dramatique à plusieurs reprises, l'éventualité d'une fin du monde dans les décennies à venir pouvant avoir ce genre d'effets regrettables.
Si je devais faire une seule critique, ça serait celle de la narration qui, pour pouvoir raconter l'ensemble de la vie du protagoniste, se constitue d'une multitude de flashbacks avec des retours au présent plus bref. C'est un peu casse-couille parce que la vie présente du héros est au final beaucoup moins intéressante que ses épisodes passées ; de fait, dès qu'on arrive dans le "présent", on accélère sa lecture histoire de le passer rapidement et de revenir à ce qui nous intéresse vraiment, c'est-à-dire les profonds changements du héros face à l'existence de la membrane.
Bon, c'est une critique, mais c'est pas dramatique. Et le reste sans exception est excellent et très prenant. Plusieurs thèmes sont abordés de manière très cohérente (l'amitié et la religion, entre autres), l'ensemble est très bien pensé et presque aussi bien écrit. La première personne, technique narrative particulièrement foireuse et souvent exaspérante, ne pose aucun problème et s'avère particulièrement immersive. Tyler Dupree n'est pas exactement le personnage le plus charismatique de l'univers, mais il n'est pas exaspérant non plus.
C'est pas de la sci-fi hardcore, l'intérêt n'est pas là. C'est un roman qui fait voyager et qui fait rêver, qui prend un concept vachement bien pensé et l'utilise de manière intelligente, mais sans jamais trop en faire. C'est une belle histoire.
Ah si, j'ai quand même une deuxième critique, qui n'en est pas vraiment une : je ne comprends pas trop l'existence d'un deuxième tome (que je n'ai pas lu). Ce que je pense, c'est que Robert Charles Wilson a écrit Spin comme un livre unique, mais que l'éditeur qui a reçu le manuscrit a été tellement emballé qu'il en lui en a directement commandé un autre. Je ne sais pas ce qu'il vaut, mais ce livre se suffit largement à lui même, et j'ai un peu peur que le deuxième tome casse la magie de l'ensemble.