Suicide
7.8
Suicide

livre de Édouard Levé ()

L'espoir fait vivre mais la longue attente fait mourir

« Tu souriais en regardant les gens un peu éméchés par le vin et le soleil, qui bavardaient sur la grande pelouse entre la façade en pierres blanches et le cèdre bicentenaire. Je me suis souvent demander, après ta mort, si ce sourire, le dernier que je t’ai vu, était une moquerie, ou au contraire une bienveillance portée par celui qui sait que, bientôt, il ne prendra plus part aux plaisirs terrestres. Tu ne regrettais pas de les quitter, mais tu ne déplorais pas de les goûter encore.
Tu n’as pas hésité. Tu as préparé le fusil.
»


On trouve là un récit dont tous les mots sont pesés et jugés avant d’être mis l’un à la suite de l’autre. Ce récit transpire l’amour des mots, la bonté, l’amitié, la douleur de l’incompréhension et le questionnement perpétuelle. Il n’y a pas plus grande douleur que de ne pas comprendre le pourquoi d’un geste aussi radical. Le suicide est un acte égoïstement désespérer dans le but d’arrêter une douleur qui est transmise à ceux qui restent. L’écriture de l’auteur est fluide, sans heurt, sans reproche envers cet ami qu’il l’a quitté. L’écrivain nous plonge dans ses souvenirs et connaissance limites scientifique de son défunt amis. Son ami c’est suicider après avoir ouvert une BD, lui l’a fait après avoir déposé ce récit chez son éditeur. Une ultime fidélité ? Un ultime message? A vous d’en juger.


Pour ma part, je ressens un homme qui c'est perdu dans les méandres, sombres et complexe de sa mémoire. Il semble finir par romancer cet ami, le confondant avec lui même. Le "tu" au fur et à mesure semble devenir un dédoublement de sa personne. Il se parle à lui même posément, calmement. Il en fait le derniers acte de sa vie, son testament, son héritage. Subliment triste.


(fin)


P.S. (entre nous) ; 1. Faites en sorte qu’il n’y ait aucun intermédiaire entre l’acquisition et la lecture de ce livre. J’avais demandé à mon père de le commander sur Amazon en même temps que ses thrillers allemands qui parle toujours d’un espion parmi les espions... et bien ma demande à fini avec un conseil familiale commencer sur un « ça va ? tu te sens bien ? ». 2. J’ai eu la légèreté d’emporter ce livre sur un vol vers Nice. Si vous voulez éviter un interrogatoire des hôtesses de l’air ou de votre voisine de siège qui grince à chaque turbulence, et bien prenez plus tôt La joie de vivre de Pierre Lebellec par exemple. Ça passera mieux.

Felis_pardalis
7
Écrit par

Créée

le 15 août 2017

Critique lue 174 fois

Felis_pardalis

Écrit par

Critique lue 174 fois

D'autres avis sur Suicide

Suicide
Taff
8

Critique de Suicide par Monsieur LeProf

Suicide est une fiction. Vraiment ? Plus on avance, et plus on doute. Il est question de cet ami du narrateur, qui s'est suicidé lorsqu'il avait 25 ans. Le narrateur s'adresse à lui, le tutoie, lui...

le 13 mars 2012

9 j'aime

2

Suicide
Foxart
10

Suicide Est

Edouard Levé est un plasticien et photographe connu et reconnu dans le monde de l'art contemporain. Il est aussi un écrivain - et non des moindres - et il est étonnant de constater à quel point son...

le 8 août 2014

6 j'aime

8

Suicide
Dex-et-le-cinma
9

Le Cygne.

Suicide. Avec un titre pareil, le ton est donné. Et le style poursuit cette dimension clairement affichée par l’auteur. Suicide est une odyssée. Celle de la vie d’un homme décédé, décrit par l’un de...

le 12 janv. 2017

4 j'aime

3

Du même critique

Suicide
Felis_pardalis
7

L'espoir fait vivre mais la longue attente fait mourir

« Tu souriais en regardant les gens un peu éméchés par le vin et le soleil, qui bavardaient sur la grande pelouse entre la façade en pierres blanches et le cèdre bicentenaire. Je me suis souvent...

le 15 août 2017

Huis clos
Felis_pardalis
8

Leur pire ennemi n’est autre qu’eux-mêmes.

J'avais un peu du mal à faire une critique de cette pièce de Sartre (qui est ma préférée de lui) . Donc du coup j'ai fait une suite de celle-ci dans une tentative de donner mon avis d'une manière -...

le 4 août 2017