Suzuran
7.1
Suzuran

livre de Aki Shimazaki (2019)

Le début de mon « aventure nippone » remonte au 2 octobre 2020, date à laquelle Gérard Collard (que j’ai baptisé Riquet à la Houppe) – le libraire de La Griffe Noire à Saint-Maur-des-Fossés, qui présente une sélection de livres tous les vendredis dans Le Magazine de la santé sur France 5, lors de sa rubrique « Des livres et moi ! » – est venu présenter, entre autres, Le Restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa, avec une telle ferveur que mon épouse m’a demandé de le lui commander. Elle l’a dévoré en quarante-huit heures… Malgré mes efforts, je ne suis pas parvenu à apprécier "La Carte" (du restaurant !). Sans doute une conséquence de ma profonde méconnaissance de la culture japonaise.
Sur les instances de "Brune Platine" qui m’encourage à persévérer dans mon apprentissage de la culture nippone, et impressionné par les TTT de Télérama (n° 3697 – 18/11/2020 – malgré mes mésaventures avec les 3T, comme avec le « Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs ») j’ai décidé de combler mon gouffre culturel avec ce livre d’Aki Shimazaki. Sa critique étant tellement élogieuse et alléchante que je ne pouvais pas ne pas succomber.


Aki Shimazaki est une écrivaine québécoise, née en 1954 à Gifu au Japon. Depuis qu’elle a 11 ans elle rêve de devenir romancière, et commence à écrire des histoires qu'elle invente. Elle a d'abord travaillé au Japon pendant cinq ans comme enseignante d'une école maternelle et a également donné des leçons de grammaire anglaise. En 1981, à 26 ans, elle a immigré au Canada où elle enseigne dans une école japonaise, tout en étudiant l'anglais et le français.
À partir de 1991, elle s'installe à Montréal où, en plus de son activité littéraire, elle enseigne le japonais. Elle suit un cours de composition dans une école de français pour immigrés.
En 1994, à l'âge de quarante ans, elle apprend le français dans une école de langue.
Elle commence ensuite à écrire en français de courts romans.
Son œuvre se déploie en pentalogies : cycles de cinq romans construits autour d'une même histoire, telle que vécue par cinq personnages différents et pouvant se lire indépendamment.
Suzuran entame une nouvelle série, après clôture des trois cycles précédents :
• Premier cycle : Le poids des secrets.
• Second cycle : Au cœur du Yamato.
• Troisième cycle : L'ombre du chardon.
• Le Quatrième cycle comprend Suzuran (2019) et Sémi (2021).


Alors, Suzuran, de quoi s’agit-il ?
Tout d’abord, on apprend que ce mot désigne, en français le "muguet", cette petite fleur du 1er mai qui orne la couverture du livre. Ensuite, pour ceux qui l’ignoreraient, comme moi, que c’est une plante très toxique, voire mortelle ! C’est bon à savoir – j’en ai tout un carré dans mon jardin.
Enfin, comme le résume la quatrième, c’est l’histoire d’Anzu, une céramiste d’Art qui vit seule avec son fils depuis son divorce et qui se donne entièrement à son art de la poterie, dans une petite ville au bord de la mer du Japon et au pied du mont Daisen.
L’histoire est si simple que je n’en dévoilerai pas d’avantage, un mot de plus et tout suspense disparait.
Tout y est cousu de fil blanc, discret, ouaté, prévisible et doux… Est-ce cela l’exotisme extrême-oriental ?
Dans mon commentaire pour Le Restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa j’écrivais :


« Les trois premiers quarts du livre sont factuels : je fais ci, je fais ça… C’est froid, c’est plat, c’est banal, c’est “hors émotions”. À quoi est-ce dû ? Il me vient à l’esprit le souvenir, dans un cabaret parisien au spectacle international désopilant, d’un groupe de touristes japonais (un car ?) dont les visages sont restés d’une impassibilité effrayante pendant toute la représentation. Je ne connais pas la culture japonaise, était-ce de la timidité ? De la pudeur ? De la retenue ?... »


Ici, c’est exactement la même chose, l’écriture y est concise, les phrases sont courtes, les paragraphes courts et les chapitres courts. Le tout est strictement factuel et froid.
À titre d’exemple, voici un paragraphe type, d’une cinquantaine de mots (quand-même), où l’auteure réussit le tour de force d’y inclure deux phrases comptant au moins une douzaine de mots chacune :
« Je me réveille vers dix heures. Je me sens très bien, ayant dormi profondément après une semaine chargée. C’est dimanche. Aujourd’hui, je vais déjeuner chez mes parents, ensuite j’irai à la plage me promener. Mon fils rentrera vers huit heures ce soir. Il fait beau, j’en profiterai tout l’après-midi. » (Fin du paragraphe)


Même si, comme me l’a rappelé si judicieusement "Brune Platine" : « Quant à ce que vous soulevez d’absence d’émotion chez les Japonais, c’est ne rien connaître à leur culture et à leur psyché … » je l’admets volontiers, il n’en demeure pas moins que cette absence d’extériorisation me laisse sans voix et me rebute.


Je ne pense pas poursuivre avec "Sémi", ni chercher, coûte que coûte, à renoncer à mon impardonnable incompétence en culture de l’empire du Soleil Levant (Il trouvera bien le moyen de se lever sans moi).

Philou33
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le 24 nov. 2021

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Philou33

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