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Dans un accès de colère Antoine, 12 ans, tue son voisin Rémi 6 ans, puis cache son corps au fin fond de la forêt. Je ne spoile rien en écrivant cela d’emblée, l’événement est décrit au bout de trente pages. La question n’est d’ailleurs pas de savoir comment on en est arrivé là mais plutôt d’expliquer comment Antoine va gérer les choses après son geste fou. Il imagine un projet de fuite, pense au suicide, est terrassé par la peur, laisse son imagination élaborer les pires scénarios, sait que sa mère ne supportera pas de découvrir la vérité. Pendant les trois jours « d’après », le village se mobilise. Tout ce que Beauval compte de forces vives va participer, avec les gendarmes, à plusieurs battues pour retrouver Rémi. Le jeune garçon est persuadé que les dés sont jetés, que le corps sans vie de l’enfant, une fois entre les mains de la police scientifique, révélera à coup sûr l’identité de son meurtrier. Mais nous sommes en décembre 1999, une tempête phénoménale traverse la France et ravage Beauval. Et la forêt saccagée ensevelit définitivement les dernières traces de la victime…


J’ai trouvé cette première partie très réussie. La panique de Rémi est parfaitement retranscrite, comme l’atmosphère pesante régnant sur Beauval et les réactions d’une population gangrenée par les inimités, les rumeurs et les rivalités sur fond de chômage et de crise sociale. Après, malheureusement, les choses se gâtent. On retrouve Antoine douze ans plus tard, devenu médecin et toujours écrasé par la culpabilité. Pas la peine d’en dire davantage mais ce saut dans le temps ne sert pas le récit, loin de là. Tout est survolé, rien ne m’a paru crédible et j’ai été soulagé de voir la fin arriver pour pouvoir passer à autre chose.


Je l’ai lu il y a plusieurs semaines et il m’en reste l’image d’un roman noir aux effets de surprise éventés qui finit par tourner à vide. Je l’ai terminé en pensant que ce texte avait dû traîner dans les tiroirs pendant des années et qu’il en était ressorti avec un certain opportunisme « post Goncourt » (ce que je comprendrais tout à fait soit dit en passant) pour être publié après avoir été quelque peu remanié. Je ne sais absolument pas si c’est le cas, j’en doute même fortement, mais c’est l’impression qu’il m’a laissé, la désagréable impression d’avoir eu entre les mains un manuscrit pas franchement abouti. Mais peu importe, je garde la ferme intention de découvrir bientôt « Au revoir là-haut » et ce n’est pas cette lecture en demi-teinte qui me fera changer d’avis.

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le 8 avr. 2016

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