Les hommes sont cons, et le pire c'est qu'ils en ont conscience !!!

Un Jun'ichirō Tanizaki au sommet pour ce roman où il aborde principalement deux thématiques, l'occidentalisation de son pays et, une très récurrente chez lui, la relation homme-femme abordée sous un angle bien évidemment très tanizakien. Les deux thématiques se complètent ici parfaitement.

L'action se déroule à Tokyo dans les années 20, juste avant le terrible tremblement de terre de 1923. A cette époque, la culture occidentale s'imposait inévitablement au Japon, et l'auteur en a profité pour se moquer de manière très sarcastique de ses contemporains souffrant d'un complexe d'infériorité par rapport à cette dernière et qui en singent les mœurs et les manières à force d'essayer d'être plus occidentaux que les occidentaux. Et pour mieux souligner cette thématique, on a beaucoup de références culturelles de ce type et de cette période aussi, le narrateur comparant notamment le physique de sa femme à celui de Mary Pickford...

Une relation homme-femme dans un Tanizaki sans fétichisme et sans sadomasochisme ne peut pas être du Tanizaki et heureusement ce n'est pas le cas... C'est l'histoire d'un japonais moyen qui décide d'être le pygmalion d'une jeune serveuse de 15 ans qu'il va très vite épouser, de la modeler, de la faire éduquer, de manière à ce qu'elle réponde aux critères occidentaux devant lesquels, comme donc beaucoup d'autres japonais de l'époque, il bave d'envie. Ironiquement et inévitablement, celui qui voulait être manipulateur va se retrouver être le manipulé devant ce qui va s'avérer une créature perverse, débauchée et rusée. Ce qui ne va pas l'empêcher, bêtise très caractéristique de l'homme oblige, en toute connaissance de cause de rester fasciné et amoureux malgré la haine qu'il porte à sa chère épouse ; mais l'amour et la haine étant paradoxalement les deux sentiments les plus proches au monde...

Si vous avez un surplus de romantisme et que vous voulez vous en débarrasser, cette oeuvre puissante et qui se dévore de la première jusqu'à la dernière page peut éventuellement vous aider, sauf si vous êtes un homme... Car même prévenus les hommes sont cons, le savent, les femmes le savent aussi, elles en profitent car elles auraient bien tort de ne pas le faire...
Plume231
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le 30 déc. 2013

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Plume231

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