Un roman, ou plutôt un conte, relativement mineur de Barres, dans lequel se mêlent la sensualité orientale et la sensibilité neo-romantique d’un Barres plutôt méconnu : celui profondément féru de culture et de poésie orientale.
La plume est certes souvent un peu gauche, et le lecteur aura peine à croire qu’un tel texte parlant d’un amour tragique d’un chevalier envers une dame dont il ne parviendra jamais à totalement comprendre les raisons, ait pu être publié après tant d’œuvres au ton patriotique et martial.
Cependant ce premier constat n’est qu’illusion : la candeur qui se retrouve dans les vers déclamés par les amants, cette description parfois un peu maladroite mais pourtant si vraie des sentiments, est la même que l’on retrouve dans la manifestation du sentiment patriotique chez Colette Baudoche, ou encore le schématisme avec lequel s’expriment différentes visions de la foi dans la Coline inspirée. On y retrouve aussi toujours ces personnages jamais totalement victimes ni héros, mais toujours tragiques, qui ne peuvent dépasser leur nature, qu’elle soit nationale, religieuse ou sexuelle, car cette nature même les définie en tant qu’essence et que toute tentative de transcendance s’avère en définitive un renoncement à soi-même : Barres aboutit au nationalisme par l’intermédiaire de la sensiblerie de l’individualisme romantique.
Au delà de ces quelques constats amusants sur l’écrivain, j’ai surtout apprécié ce voyage dans un Orient mythique décrit avec respect et poésie. Le texte contient de très beaux passages et m’a fait passer un agréable moment.