Un bouquin assez curieux, puisqu'il a tout de l'œuvre de jeunesse sans pour autant en être une. Après un début assez poussif, l'histoire des deux êtres marginaux qu'une force supérieure réunit pour satisfaire ses bas instincts prend des airs de fable morale assez consensuelle.

Silverberg apparaît ici comme l'anti-Asimov : brillant pour dépeindre le tréfonds de l'âme humaine - contrairement au second dont les personnages ont souvent tendance à se réduire à des clichés -, son traitement des aspects purement science-fictionnels laisse en revanche dubitatif.
Le texte est ainsi parsemé de trouvailles SF qui n'apportent pas grand chose au récit même quand elles sont convaincantes. D'autres font vraiment branleur, à l'image de cette description d'orchestre : "Il y avait des instruments à cordes, des instruments à vent, une section de percussions avec, par-ci, par-là, quelques instruments extraterrestres très appréciés des orchestres modernes." Ou comment donner l'impression qu'on vient de se souvenir en plein milieu d'une phrase qu'on est en train de faire un roman de SF.

Reste donc le traitement des personnages, avec au premier plan ces deux êtres faits et réunis pour souffrir. C'est encore là que l'auteur a le plus de choses à dire, plongeant le lecteur dans leur ressenti et leurs névroses. On aurai aimé retrouver une telle profondeur chez le sadique Duncan Chalk, mais force est de constater que son personnage se réduit surtout à une fonction, alors que ses sous-fifres sont plutôt réussis.

On pourrait sans doute ajouter que c'est un peu court, mais l'œuvre est un peu trop mineure pour justifier une tonne de pages en plus.
Firmin
6
Écrit par

Créée

le 17 juin 2012

Critique lue 221 fois

2 j'aime

Firmin

Écrit par

Critique lue 221 fois

2

D'autres avis sur Un jeu cruel

Un jeu cruel
V_Berthier
3

Critique de Un jeu cruel par V_Berthier

Rapidement : l'idée de faire s'aimer deux monstres dans la prison géante qu'est l'espace avait de quoi allécher, surtout quand on connaît le talent de Silverberg en la matière (voir : L'homme dans le...

le 7 mai 2012

1 j'aime

Du même critique

La Vague
Firmin
3

La vague impression d'être pris pour un con

Un film qui traite de la menace totalitaire avec ses grosses bottes en cuir. On suit donc un professeur un peu décalé qui a en charge un projet pédagogique sur le totalitarisme. Et évidemment, ça va...

le 15 juin 2010

36 j'aime

12

Slumdog Millionaire
Firmin
5

Quand la niaiserie bollywoodienne rencontre la bonne conscience occidentale

Slumdog Millionaire est incontestablement un bel objet : dynamique, bien mené, bien mis en scène et où il est, en prime, question de caca, c'est une nouvelle preuve du talent de metteur en scène de...

le 12 mars 2011

21 j'aime

2