(Attention spoilers)

J'aurais aimé aimer ce livre. Je croyais que c'était une histoire vraie, apprendre que c'est une fiction en cours de lecture m'a un peu refroidie.

Et dans ce cas, je peux me permettre de dire que toute l'histoire avec Victor est trop longue (Elsa est amoureuse et il la baise sans son consentement en permanence, puisque c'est une fiction, pourquoi ça prend autant de page ? Je veux dire, si ça avait été une autobio, il y aurait eu un effet cathartique à écrire autant sur le sujet, mais là, ça n'a pas grand intérêt). En fait, tout le livre est un peu long. Surtout parce qu'il n'aborde pas réellement les sujets que je m'attendais à y trouver (à savoir une critique du patriarcat, de notre façon de concevoir l'amour et le sexe).


Et malheureusement (heureusement ?) pour moi, je ne me suis pas reconnue dans l'héroïne, j'ai donc passé de longs moments incompréhensibles à me demander pourquoi elle réagissait comme elle le faisait (franchement, toutes les pensées qu'elle a pour son amie Estelle l'ont rendue difficilement appréciable à mes yeux).

De plus, j'ai retenu une phrase dans laquelle elle dit qu'elle se met en couple par pure paresse sociologique (ce que je trouvais très intéressant, d'où mes attentes en début de lecture sur la société et l'amour) puis plus les pages avançaient, plus j'avais du mal à comprendre son comportement de petite femme parfaite avec Victor, parce que j'étais persuadée qu'elle ne l'aimait pas... Je n'ai pas compris le moment où ce sentiment a changé (et s'il a vraiment changé ou si elle faisait juste ce qu'on attendait d'elle mais vu la fin et le choc d'un Victor "pas amoureux" j'imagine qu'elle l'aimait vraiment).

Pareil, Victor EST un violeur. C'est clair, c'est acté. Le premier rapport sexuel est un viol ("j'ai oublié la capote lol" bref) mais j'ai eu tellement de mal à comprendre leur relation. Je ne sais toujours pas bien s'il y avait emprise (le passage giga red flag des manches arrive finalement assez tard dans le récit de Victor) ou si c'était de l'amour, un mélange des deux je suppose. En fait, c'est le cas Victor qui est compliqué à cerner, on ne sait pas trop si c'est un connard ou juste un produit de la société patriarcale dans laquelle on vit (l'un n'empêche pas l'autre cela dit).


C'est surtout la fin qui m'a déçue. Je m'attendais à ce qu'on focalise sur quelque chose de plus grand que "Victor le violeur" et les ressentis d'Elsa (qui n'est qu'un personnage de fiction, rappelons-le, même si je sais qu'elle symbolise tout un ensemble de vies et de témoignages, je trouve tout de même moins impactant que tout le roman se concentre juste sur ce qu'elle pense) parce que justement c'est une histoire qui arrive trop souvent et le problème ne vient pas d'un seul homme mais de toute la société.

J'aurais aimé qu'on parle plus de ça : de pourquoi Victor pense qu'il a le droit de prendre sans consentement et pourquoi Elsa pense qu'elle doit donner sans rien attendre en retour et surtout sans jamais rien dire de ce qu'elle veut vraiment.

J'aurais aimé que ça parle plus d'environnement familial, d'éducation et de patriarcat.

J'aurais aimé qu'on parle plus de ce besoin d'être en couple, du sexe omniprésent, de pourquoi la société nous fait croire que c'est important, et du fait qu'on peut être heureux sans ou avec, que l'important, c'est de s'autoriser à exister, à ressentir, à s'aimer sans passer par le regard d'un autre.

J'espère, et je sais que ce livre servira et parlera à d'autres que moi. Ça reste une lecture nécessaire pour tous les jeunes (et moins jeunes).

Dreawren
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le 23 mars 2024

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Dreawren

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