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Critique publiée dans le cadre des Explorateurs de livres 2019 du site lecteurs.com


Cécile Coulon raconte l'histoire de la ferme du Paradis, un espace isolé et rude où ses différents personnages vont vivre la majorité des événements de leur vie, et constituer un horizon rarement dépassé, un huis clos où les sentiments pourront s'exprimer pleinement. Et où une "bête" va pénétrer, comme nous l'indique le titre, sans qu'on sache vraiment qui est la bête. C'est cela qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout, même si j'ai finalement été très déçu par le dénouement du livre.


A plusieurs reprises, je n'ai pu m'empêcher de comparer le livre aux Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. Les personnages tournent en rond, n'arrivent pas vraiment à trouver une échappatoire à leurs problèmes, attachés qu'ils sont à ce Paradis-prison, où les animaux demandent des soins et une attention constante. Mais chez Brontë, le personnage de Van Cleef subit un changement radical, et c'est justement ce changement qui va donner naissance à l'intrigue et devenir la pierre angulaire du livre : l'impossibilité pour les personnages d'avancer devient le sujet de cette tragédie baroque. Mais ici, les personnages stagnent du début à la fin, et l'absence d'échappatoire devient dès lors plus gênante pour le lecteur lambda que je suis.


D'abord, j'ai eu du mal à trouver les personnages de Cécile Coulon vraiment attachants, à m'investir dans leurs causes et à comprendre leurs sentiments. Le style de Cécile Coulon est sobre, sans emphase ni fioriture. A l'image de la ferme, il est un peu rude, ce qui en rend la lecture facile et agréable, sans jamais tomber dans le simplisme. Les mots sont toujours bien choisis, les situations, les lieux et les sentiments bien introduits et bien campés. Mais même si les personnages sont bien écrits, lisibles, définis dans leurs actes et dans leurs actions, je les ai trouvé trop stéréotypés. Ils possèdent tous ce grain de folie propre aux personnages d'Emily Brontë, mais cette part de folie est sous-exploitée dans le livre, peut-être trop court pour aller jusqu'au bout de son propos.


J'aurais aimé que les personnages évoluent davantage dans ce huis clos. Il suffisait peut être simplement que l'auteur donne plus de clefs pour mieux les comprendre, pour les rendre plus vivants et plus attachants. La rudesse du milieu déteint sur l'ensemble des personnages et finit par les rendre moins savoureux, on les voit piétiner et on se demande pourquoi la fin du roman ne leur donne pas un nouvel élan, un second souffle. Offrir plus d'évolutions dans les pensées et dans les actes des personnages aurait renouvelé mon intérêt pour eux. Ici, j'ai fini le livre comme je l'avais commencé, sans vraiment m'être fait un avis définitif sur ce que vaut ce paradis qu'elle nous décrit.


La forme du roman est donc bonne, voire très bonne. Mais c'est le fond qui laisse plus à désirer. Malgré une favorable première impression à la lecture des 100 premières pages, le roman peine ensuite à s'élever, à renouveler mon intérêt de lecteur féru d'aventures.

Raphal_Trujill
6
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le 6 sept. 2019

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