Agréablement surpris par ce tome ! Peut-être était-ce parce que le tome précédent souffrait de quelques lenteurs nécessaires et que celui-ci se révèle au contraire très efficace tant dans son rythme que dans sa narration.


Comme d'habitude avec cette saga, plusieurs intrigues composent le récit. Pour ne pas changer également, le prologue nous introduit ou réintroduit une kyrielle de personnages secondaires qui, en tant qu'observateurs, assistent aux conséquences des événements du tome précédent. Moins long que l'introduction du Seigneur du Chaos, Une Couronne d'Epées démarre très efficacement. J'ai particulièrement aimé de voir la bataille du tome précédent et ses répercussions à travers les yeux d'autres personnages.


Les cent pages suivantes sont aussi de bonne volée. Perrin redevient définitivement important, du moins au début du roman, pour mon plus grand plaisir. Je comprends les peines du personnages, ses décisions et son implication. Malheureusement,


il est très vite chassé par Rand sur un désaccord,


un choix douteux comme un autre de notre protagoniste principal. Dommage, car son lien avec les loups m'intéressait tout particulièrement.


Le récit se concentre ensuite un certain temps sur Egwene. J'ai beau aimé ce personnage, je dois avouer que ce n'était pas mon intrigue préféré. En tant que nouvelle Chaire d'Amyrlin, c'était surtout l'occasion pour elle de commencer à faire face à ses responsabilités en tant que meneuse, à l'instar de Rand. Dommage que le voyage n'aboutisse pas et que les Aes Sedai renégates n'apparaissent plus de tout le tome. Enfin, "dommage", oui et non, car leur fameuse reconquête de la Tour Blanche va devoir attendre encore un moment, j'ai l'impression.


La seconde partie du livre, court pour un tome de la Roue du Temps, se concentre sur le groupe de Rand et le groupe de Mat et Nynaeve. J'avais beaucoup d'appréhensions concernant le deuxième groupe, n'aimant pas tous les personnages qui le constituent, mais la lecture de leurs passages s'est révélé étonnamment agréable. Selon moi, la principale qualité du tome 7 est de mêler habilement l'humour au drame. Je pense que c'est celui possédant le plus de nuances.


Je dois l'avouer, j'ai beau avoir abhorré Mat les tomes précédents, ce jeune homme devient au moins supportable, à défaut d'être sympathique. Il entraîne l'empathie car il se retrouve confronté à toutes ses idées, tourné en bourrique qu'il est. En l'occurrence, j'ai eu l'impression que l'auteur se servait de lui pour détruire un à un les clichés sur les femmes, dans cette cité d'Ebou Dar ma foi fascinante par ses coutumes ! Il devient "pote" avec Birgitte et est harcelée sexuellement par une reine s'apparentant à une prédatrice sexuelle. (Update relecture cinq ans après : il s'agit d'une représentation d'un jeune homme clairement abusé sexuellement par une femme de deux fois son âge, et probablement l'une des scènes les plus controversées de la série. Car même si le récit reconnaît bien qu'il s'agit au moins d'une agression sexuelle, voire d'un viol, doublé de harcèlement, il n'empêche que les réactions des autres personnes, comme Thom disant qu'il est "chanceux" et Elayne ne prenant pas au sérieux, rend la lecture plutôt malaisante. Robert Jordan a été très maladroit sur ce coup-là et c'est probablement l'un des passages ayant le plus vieilli).


Je trouve également que le quatuor Elayne, Nynaeve, Aviendha et Birgitte est très convaincant et attachant, même si ma préférence penche pour les deux dernières. D'ordinaire hautaines, la Fille-Héritière et l'ancienne Sage-Dame subissent, à l'instar de Mat, une certaine "leçon" pour leur comportement, vu qu'elles sont temporairement décrédibilisées en tant qu'Aes Sedai.


Jusque-là pétri d'humour et de légèreté que l'on pourrait juger inadéquat face aux enjeux, la fin de leur arc parait terriblement dramatique. Quand bien même ces personnages étaient secondaires,


les décès des guérisseuses et des autres guerriers m'ont un peu peiné, ainsi que Elayne qui a failli y passer.


Une frustration de moins s'est envolée, car depuis le tome 1, j'ai enfin retrouvé le sentiment que les protagonistes restent avant tout des amis, parce que certains tomes me donnaient juste l'impression qu'ils se détestaient. Niveau menace,


l'arrivée d'un être capable d'annihiler instantanément une Aes Sedai glace le sang.


Par contre, Moghedien n'est pas prête de regagner mon estime : à peine libérée, la voilà vilipendée par son maître et soumise à quelqu'un d'autre. On me susurre à l'oreille qu'elle est censée être terrifiante et intimidante, je n'y crois pas.


L'intrigue de Rand, pour sa part, est quasiment dramatique du début à la fin. Peut-être même un drame auquel la saga ne nous avait pas habituées. A la fin du tome 6, je pensais qu'il changerait son opinion sur les femmes, après avoir été enlevé et séquestré par des Aes Sedai, mais non, il pense toujours que les femmes sont des gentilles êtres innocents. Au moins, ses convictions demeurent inébranlables. Il paie lui-même de ses erreurs avec Colavere.


Tentant de prendre le pouvoir, elle échoue lamentablement, et alors que sa sentence lui impliquerait de mourir, Rand préfère la bannir et la faire devenir une fermière. Une bonne idée, si elle ne s'était pas pendue peu de temps après.


tome nous présente un protagoniste plus tiraillé et traumatisé que jamais. La faible présence des Promises et des Aiels en général a été largement compensé par la mise en avant de Min, jeune femme très sympathique et compréhensive. Je retiens aussi l'introduction de la "vieille" Aes Sedai. Au contraire de ses collègues, elle se révèle expérimentée sans être d'une arrogance à mériter des baffes.


Rand reste le dragon réincarné et il multiplie les conquêtes. Celle de l'Illian se révèle rapide. Particulièrement dans ce tome, les batailles sont courtes mais intense, et surtout, vraiment dramatiques. Evidemment, je ne crois pas à


la mort de Sammael pas plus que je ne crois à la mort de Lanfear, m'est avis que les Rejetés devront tous être là pour la fin. Surtout que je considère ces deux derniers comme de meilleurs antagonistes que Moghedien, mais c'est purement personnel.


Le tome 7 se coupe presque brutalement, et donne envie de lire la suite.


Pour conclure, Une couronne d'Epées a permis de renouveler la saga en mêlant l'humour et le drame comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Après sept tomes, je finis par s'attacher vraiment aux personnages et à les comprendre, y compris à ceux que je ne pouvait pas supporter avant (comme Mat et Nynaeve). Toujours bien écrite et menée, la première moitié de la saga s'achève avec brio !

Saidor
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Collection simple de romans fantasy, Les meilleurs livres de fantasy, Liste lambda de livres lus en l'année 2016 et Liste de livres lus en l'an 2021

Créée

le 27 mai 2016

Critique lue 520 fois

1 j'aime

Saidor

Écrit par

Critique lue 520 fois

1

D'autres avis sur Une couronne d'épées - La Roue du temps, Intégrale tome 7

Du même critique

The End of Evangelion
Saidor
5

L'opposé de l'inverse donne l'égal

Ainsi s'achève "réellement" l'une des séries d'animation japonaise les plus cultes des années 1990. Une vraie fin pour satisfaire des fans mécontents par la première version, presque à juste titre...

le 16 juil. 2017

14 j'aime

1

Shadow and Bone : La Saga Grisha
Saidor
7

De la YA fantasy, mais en bien

Les séries fantasy se multiplient ces derniers temps. Féru du genre, je ne peux que saluer le principe, toutefois je dois tempérer mon enthousiasme face à l’acceptation de l’âpre réalité : c’est un...

le 27 avr. 2021

13 j'aime

1

Adventure Time
Saidor
5

Je n'accroche pas

Contrairement à Regular Show et Gumball, dessins animés que je déteste au plus haut point, j'arrive quand même à comprendre le succès de Adventure Time et je pense que si il faut regarder un dessin...

le 14 août 2015

12 j'aime

7