La Fièvre dans le Sang

Après m'avoir fait découvrir tout un univers avec le premier tome de Vernon Subutex, Virginie Despentes m'y fait replonger en continuer d'explorer l'âme de Vernon dans un Paris fiévreux et hallucinant.

Ici, elle s'éloigne du premier opus, l'exploration de la noirceur de l'âme humaine laisse place à un récit choral autour de personnages auxquels on s'est déjà attaché, avec un Vernon d'abord toujours dans la rue. Plus on avance dans le récit, plus il en devient surprenant, cette alternance de point-de-vue entre les personnages vient se mêler à un côté polar mais surtout une vision juste sur la France et ses illusions, à l'image du portrait de la jeune musulmane qui évite finalement toute lourdeur ou caricature.

Si ce nouvel opus prend des directions surprenantes, on retrouve tout de même le style brut, vif et sans fioriture du premier tome, avec un sentiment d'urgence et contestataire un peu apaisé sans totalement disparaître. L'ambiance est prenante, dès les premières pages on est plongé dans l'oeuvre et on s'y perd, que ce soit dans ces portraits humains ou dans une ville vivante, qui évolue et par laquelle elle dresse un constat social fort.

La force de ce second volet se trouve aussi dans la capacité qu'à l'auteure à évoquer des sujets forts, comme la politique, sans que ça en devienne un pamphlet et sans tomber dans la lourdeur, elle dévoile une certaine justesse et trouve le bon équilibre entre les propos, l'ambiance et l'histoire. La finalité en est d'ailleurs surprenante, assez sombre et bien trouvée, croisant sa vision de la France actuelle avec les âmes qu'elle décrit et surtout qu'elle fait vivre, ce qui était déjà la force du premier tome.

Pourtant, cette suite reste en deçà du premier opus, notamment vis-à-vis de l'émotion proposé alors qu'il manque clairement cette sensation d'uppercut en pleine poire qui accompagnait la lecture du précédent. Excepté ce point, c'est avec bonheur et surtout une sensation d'addiction que l'on replonge dans cet univers, où l'auteure trouve toujours le bon rythme et parvient à être toujours juste tout en créant une ambiance prenante.

Sans atteindre la maestria de Vernon Subutex, ce second tome permet à Virginie Despentes de nous surprendre tout en sachant créer une vraie atmosphère et en trouvant toujours la bonne alchimie entre ses personnages et sa vision de la France actuelle.