6 assassinats, 1 peut-être autre assassinat, 2 suicides et 3 morts naturelles sûres
Moi j'avoue que dès qu'on va au-delà de la littérature du XVIIIème siècle je commence stupidement à paniquer ; donc autant dire qu'un auteur latin du 1er et du 2ème siècle après J.-C, c'était mal barré... Mais un titre intrigant, cinquante centimes un vieux Livre de Poche de 1966 dans un vide-grenier, j'ai foncé... Et j'ai bien fait...
Douze personnages, douze vies, un dictateur à vie, onze empereurs :
Si les deux premiers à travers Jules César et Auguste (41 ans seul à la tête de l'Empire, la vache...!!!), ce dernier étant le premier empereur romain, montrent, en tenant compte des critères de l'époque, une gouvernance innovante, sage et intelligente, on sent qu'après quelques années où Tibère a suivi judicieusement l'exemple de son prédécesseur il se met très sérieusement à déconner on ne va pas y rester longtemps...
Et le court mais beaucoup trop long règne du suivant, Caligula nous immerge totalement dans cette impression. Charmant monsieur à qui on doit la phrase "Si seulement le peuple romain n’avait qu’un seul cou !", qui faisait croire pour son bon plaisir que les greniers à blé était vide pour bien paniquer ses concitoyens, faisait tuer la plupart de ses proches, faisait torturer gratuitement, dilapidait le budget de l'empire, était près de faire nommer son cheval consul quand une partie de sa garde prétorienne a eu l'intelligence de le faire passer de vie à trépas.
Après, le règne de son oncle Claude, qui donne l'impression d'avoir été nommé à la tête de Rome parce qu'il se trouvait dans le coin, apparaît nettement plus sage. Bien que la cruauté ait aussi sa place non pas à cause d'une véritable méchanceté mais plutôt à cause d'un caractère faible et facilement manipulable. On retiendra à ce titre l'anecdote où il demande pourquoi sa femme Messaline n'apparaît pas au déjeuner, ne se souvenant pas visiblement qu'il l'avait fait exécuter la veille... Il se fera lui aussi assassiner à travers un plat de champignons empoisonnés, certainement par sa dernière femme Agrippine la Jeune et avec la complicité plus ou moins passive du fils de cette dernière Néron...
Néron, lui c'est le sommet, a fait assassiner sa mère, a fait zigouiller son beau-frère, est responsable de la mort de ses épouses (un coup de pied dans le ventre d'une femme enceinte notamment peut faire du dégât !!!), a préfiguré de vingt siècles le mariage gay en épousant son esclave Sporus après l'avoir fait châtrer, a peut-être incendié Rome, a fait payer les chrétiens pour ça, a foutu en l'air par sa mégalomanie le trésor de l'état avant d'être laissé tomber par tous et de se suicider.
Après l'année des quatre empereurs : Galba, qui a eu le tort de préférer le pognon à la popularité, Othon, trois mois de règne seulement mais la preuve qu'un empereur peut savoir mourir dignement, Vitellius qui disait que "Le cadavre d'un ennemi sent toujours bon." a vu le sien peu respecté après avoir été assassiné au bout d'un règne où il s'était montré très cruel.
Allez paf... Vespasien, empereur sage et compétent un poil cupide à qui on doit la phrase culte "l'argent n'a pas d'odeur" après avoir imposé la collecte d'urine.
Son fils, Titus, qui avait tout par son comportement pour annoncer un nouveau Néron va s’avérer contre toute attente un chef d'état sage, compétent et très humain. Son attitude formidable lors d'un incident qui touchera gravement Rome, lors d'un épidémie de peste et lors de la très célèbre éruption du Vésuve en 79 en seront les meilleures preuves. Hélas, son règne ne durera que deux ans...
On termine par son frère, Domitien n'aura malheureusement pas la même attitude en vidant presque les caisses de l'Empire et en imposant un culte de la personnalité, avant de se faire assassiner lui aussi.
Des présages, des assassinats, du sang, etc... peut-être des exagérations dans le description de certains (selon les historiens récents les règnes de Tibère, de Domitien, et même de Néron ont été plus positifs que ce qu'a décrit Suétone !!!) mais une belle écriture, parfois passionnante (en particulier pour Néron !!!) qui donne envie de se plonger encore plus dans l'histoire des empereurs romains.
