Le titre est parfaitement clair et ne ment pas. On sait ce qu’on achète. Légèreté et humour sur trame de sujets plus lourds et moins drôles, l’air de ne pas y toucher : c’est ce qu’on soupçonne trouver et c’est ce qu’on trouve. Il n’y aura de surprise que dans le fait que ce vieux, râleur et suicidaire se révèlera foutrement attachant, perdu dans son quartier aux empotés de voisins qui ne savent plus rien faire et roulent en voitures japonaises, américaines voire, comble de l’horreur, françaises. Il n’y aura de surprise qu’en se sentant rire puis pleurer au paragraphe suivant, puis rire, puis pleurer.
Le roman se lit vite, très facilement, emmené par un style pétillant aux innombrables comparaisons plus loufoques les unes que les autres, toujours superbement trouvées.
Arrivé au bout, et après avoir si parfaitement développé Ove, on regrettera peut-être la facilité du dénouement – que l’on pardonnera malgré tout ; comment en vouloir longtemps à Fredrik Backman alors qu’il parvient à rendre sympathique un type qu’on aurait envie d’envoyer lesté au fond de la rivière la plus proche si on le croisait en rue ?
Il y a aussi un côté tire-larmes au bouquin, dans la mesure où on a l’impression à partir d’un moment que, si un drame peut arriver, il arrivera. Ça pose une chape de plomb dont on se demande un peu s’il fallait vraiment qu’elle soit aussi lourde.
Mais malgré ces deux défauts, l’ambiance générale, le style, l’humour tantôt grinçant tantôt bon enfant, l’histoire d’Ove et l’histoire tout court vous tiendront en haleine et tiendront les promesses du titre avec un zèle digne d’un fonctionnaire en chemise blanche qui roule en Audi.
En Audi !