"Can I explain why I wanted to jump off the top of a tower-block ? Of course I can explain why I wanted to jump off the top of a tower-block. I'm not a bloody idiot." Soit les deux premières lignes du ravissant et dévastateur (oui, les deux à la fois) dernier livre de mon très cher Nick Hornby, c'est-à-dire d'une petite merveille qui rassurera tous ceux qui ont un jour contemplé la possibilité de se jeter du haut d'une tour, ou d'un pont, pour en finir avec la vie. Mais qui les fera hurler de rire aussi. D'ailleurs, même si vous n'avez jamais été suicidaires, vous avez certainement eu des rêves qui ont fini brisés... parce que Hornby parle aussi de cela dans "A Long Way Down" (titre d'une chanson de Lloyd Cole, mais aussi des Goo Goo Dolls, pour ceux qui trouveraient Lloyd Cole trop "intello") ! Bref, ce livre fait très mal par moments, car nous faire autant rire de notre propre malheur est certes élégant, mais aussi dangereusement proche du désespoir le plus profond. Oh, les puristes, ceux qui n'ont pas fondu en lisant "High Fidelity" ou "About A Boy" diront que ce n'est pas de la GRANDE littérature, mais c'est en tout cas, à mon avis, "très près de l'os", et c'est bien ce qu'on devrait demander à la GRANDE littérature (non ?), qu'elle introduise le ver du doute dans le confort de nos vies modernes. Et c'est donc, même si un seul des 4 personnages est un rocker, un vrai livre "rock'n'roll", parce qu'il affronte avec son humour irrésistible l'une des questions essentielles qui nous travaillent : jusqu'où est-il supportable d'échouer ? Pour finir, je dois dire que ce qui m'a le plus impressionné dans ce livre, c'est le refus clair et net, non seulement du "happy end", mais plus radicalement, de faire de l'expérience de ces 4 paumés au bout du rouleau un parcours de rédemption, voire même un parcours de quelque type que ce soit. On n'est pas dans un putain de film Hollywoodien ici, et il n'y a ni "feel good story", ni leçon à en tirer : juste la contemplation souriante de l'horreur de la vie.

PS : Je viens de voir que les ricains vont en faire un film, et je vous parie qu'ils n'hésiteront pas un instant pour transformer ce livre "punk" en une fable moralisante. Mais au moins Hornby gagnera un peu de sous pour s'occuper de son enfant handicapé. [Critique écrite en 2007]
EricDebarnot
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le 27 mars 2013

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Eric BBYoda

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