Après s’être mis dans la peau d’un gérant de station service à l’âme rêveuse, (Chroniques d’une station-service), après nous avoir raconté “de l’intérieur” la vie dans la ville de Wuhan en Chine (Un hiver à Wuhan), Alexandre Labruffe nous propose cette fois une plongée au cœur d’une famille plutôt bizarre, avec d’un côte, un frère aux airs bipolaires, au parcours plus chaotique, assez insaisissable dans ses actes, et de l’autre, un père, lui aussi à sa manière pas très clair, parfois imprévisible et presque aussi compliqué à gérer que son fils aîné.
Entre ces deux êtres hors de contrôle et plein de ressources avec lesquels l’auteur joue une sorte de jeu du chat et de la souris. Il règne autour de leurs rapports une atmosphère étrange, un sentiment de malaise, d’irréalité, même de folie par moment, dans un univers où rien ne semble jamais totalement rationnel, souvent désordonné, où les actes répondent plus à des pulsions qu’à la raison. Et les choses ne vont pas s’arranger quand Alexandre va apprendre que son frère a été incarcéré, lui dont le père est malade et dont les jours sont comptés, lui dont la mère a disparu depuis bien longtemps, lui dans la compagne coréenne semble aussi décalée que la situation qu’il vit… Pourtant il va bien falloir mettre un peu d’ordre tout ça d’autant que la maison familiale dans les Landes est désormais entre les mains d’un huissier.


Sur un ton beaucoup plus grave que dans ses deux précédents livres, Alexandre Labruffe nous plonge dans une histoire de famille qui sent le soufre et l’urgence. Un récit extrêmement dense, sans temps mort, où l’on est par moment aussi désorienté que l’auteur pour comprendre ce qui lui arrive et ce qui arrive à ses proches, avec ce frère qui du fond de sa cellule envoie des SMS à peine compréhensibles.
Malgré la situation, grave mais pas désespérée, malgré la cacophonie qui règne dans cette famille chancelante, le ton n’est jamais aux larmes et a l’apitoiement. Malgré la situation tragique vécue par l’auteur, on sent poindre au fil du récit une sorte de lumière intérieure qui semble le guider vers le bout du tunnel et lui laisser espérer des jours meilleurs.
https://www.benzinemag.net/2021/08/19/wonder-landes-alexandre-labruffe-on-ne-choisit-pas-sa-famille/

BenoitRichard
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le 9 janv. 2022

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