N'ayant pas le cd en question, ma critique porte sur l'interprétation de la ballade numéro un qu'il a joué en concert filmé par CBS en 1968.
Fryderyk Chopin aurai lui même avoué à un ami, que le morceau préféré de sa propre œuvre musicale était la ballade numéro un.
Ce morceau est un condensé de la vie de Chopin. Il passe par tant d'ambiance et de registres, de la lucide mélancolie, à l’abîme sombre du désespoir, de l'harmonie légère, à l'explosion de fureur salvatrice .
Le grand, l'immortel Vladimir Horrowitz, droit et sec comme un vampire, le visage tendu vers les touches, tout à ses longues mains moites, sortes d'araignées démoniaques, qui dans un silence d'apocalypse, dansent sur le fil du rasoir, une transe chamanique.


Sa réalisation atteint une empathie si profonde avec le génie de Chopin que le souffle de la mélodie nous emporte comme un tourbillon au cœur de notre propre vie.
"L'ouragan des steppes" comme on aimait à le surnommer a en plus d'une virtuosité technique spectaculaire, une interprétation artistique bouleversante. Ce qui manque à bien des virtuoses académiques, simulacres machinaux.
Il est si entier dans son implication, si généreux et intense qu'il prend tout les risques en publique. Son duende nous envoûte, sa vibration nous réveille à la vie. Si bien que quant il lui arrive de diverger de la partition, les puristes se demandent si c'est un accident honteux ou le sentiment du chaos premier indispensable à l'accomplissement de l'harmonie.

Yansan
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le 6 oct. 2017

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