Nous parlons bien sûr ici de la version album de ce titre, mais pas de sa version radio, dont la longueur est divisée par trois (3 !) pour rentrer dans le moule. Le marketing est une chose bien triste. Mais ce n'est pas le sujet.
Le sujet, c'est cette reprise de Glenn Campbell par Isaac Hayes. Mais à ce niveau, peut-on encore considérer qu'il s'agit d'une reprise ? On passe de 2mn40 à plus de 18 mn. Il se sera bien passé quelque chose de plus entre la version originelle et cette version.
Oui :
1/ Un audacieux et long monologue en forme spoken words du père Hayes. 8 mn durant lesquelles, sur un rythme musical uniforme, une batterie, une basse, Isaac Hayes nous introduit sa vision de la puissance de l'amour. Un peu comme un prêcheur païen. Le flow du hip hop ? Peut-être, pas vraiment. Isaac ne scande pas, il narre. Pendant 8 mn.
2/ Arrivent les paroles de la chanson et son orchestration lumineuse. Le piano, les cuivres, les cordes, l'orgue. Et pourtant, les paroles sont tristes. On parle d'une séparation. Une séparation un peu lâche, d'ailleurs. Le gars se casse, loin, sans rien dire. Juste un mot.
3/ Puis, on se laisse porter par les cuivres, ceux qui emmènent cet homme loin, sans doute. A Phenix, quoi. Et Hayes se remet à improviser des paroles. Plus courtes, chantées. Pour une fin, non en apothéose, mais en demi-teinte, en humilité. Voilà, la rupture est consommée.
Et c'est beau.